Les Rafale vendus à l'Inde seront bien fabriqués en France

Construire les appareils en France permettra d'assurer 7.000 emplois pendant plusieurs années.
Construire les appareils en France permettra d'assurer 7.000 emplois pendant plusieurs années. © AFP
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Aude Vernuccio et Margaux Baralon , modifié à
MADE IN FRANCE - L'Inde a acheté 36 appareils, pour environ 8 milliards d'euros. Paris a obtenu que la construction des avions de combat se fasse intégralement en France.

L'enjeu économique est énorme. La France vient de vendre 36 Rafale à l'Inde, la plus grosse commande de cet appareil, longtemps difficile à exporter, par un pays étranger. Le contrat, d'une valeur estimé à 7,9 milliards d'euros, devrait être signé vendredi par le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, et son homologue indien, à New Delhi.

Loin du "contrat du siècle". Cette commande vient clore neuf ans d'âpres discussions : en 2007, New Delhi avait en effet lancé un appel d'offres pour 126 avions de combat, et n'était entré en négociations exclusives avec Dassault qu'en 2012. Ce "contrat du siècle", annulé en 2014, a finalement été remplacé par l'actuel. Si elle est infiniment plus modeste en nombre d'appareils, la vente qui s'apprête à être conclue est néanmoins marquée par une victoire majeure de Paris, qui a obtenu que les Rafale soient construits sur son sol.

7.000 emplois. Cela représente pas moins de 7.000 emplois pour l'avionneur Dassault et ses sous-traitants. Au total, 500 PME françaises vont profiter de cette commande juteuse. Et ce, sur plusieurs années, la livraison étant prévue pour 2019. Ainsi, le moteur sera fabriqué par une entreprise de la région parisienne, les commandes de vol dans les Alpes, et l'assemblage se fera dans l'usine Dassault de Mérignac, près de Bordeaux.

Contreparties. Cependant, cela ne va pas sans contreparties. En échange de ce bijou technologique, la France a dû concéder quelques secrets de fabrication à l'Inde, procédé de transfert de technologies assez courant lors de la signature de ce type de contrat. Les experts promettent néanmoins que ces transferts ne concerneront rien de militaire ni de très sensible. Par ailleurs, New Delhi a obtenu ce qu'on appelle un "offset" : la France s'engage en effet à réinvestir la moitié des recettes de la vente, soit 4 milliards d'euros, en Inde, pour aider à moderniser l'armée indienne.

Moderniser l'armée indienne. Pour New Delhi, l'achat de Rafale est également un enjeu crucial. L'armée de l'air indienne pointe depuis longtemps son équipement vieillissant, incapable de soutenir longtemps la comparaison avec la force de frappe chinoise, qui monte en puissance. Sans compter que l'Inde est toujours engluée dans un conflit larvé avec son voisin pakistanais, conflit qui s'est de nouveau tendu il y a quelques jours, lorsque des échanges de tirs se sont produits au Cachemire. 

Un premier pas. Si l'achat de Rafale va donc permettre à New Delhi de moderniser sa flotte, la commande ne sera pas suffisante pour pallier tous ses besoins. Ce qui pourrait aussi être une bonne nouvelle pour Dassault. "Il y a la perspective d'un contrat de dimension encore plus importante, qui ferait vivre [le groupe] pendant beaucoup plus d'années", explique ainsi Corentin Brustlein, responsable des études de sécurité à l'Institut français des relations internationales.