Les primes des médecins bientôt calculées en fonction des arrêts maladies ?

Les primes pourraient variées selon les arrêts de travail.
Les primes pourraient variées selon les arrêts de travail. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Olivier Samain avec GM
Les médecins ne respectant pas les recommandations de l'Assurance maladie verraient leurs primes baisser.

C'est une idée qui risque de faire polémique, pour inciter les médecins à signer des arrêts de travail moins longs. L'Assurance maladie propose d'ajouter leur pratique en matière de prescription d'arrêts de travail à la liste des indicateurs qui sont pris en compte pour le calcul de leur prime annuelle de rémunération sur objectifs. La proposition doit être discutée jeudi avec les syndicats de médecins.

Des recommandations selon les pathologies. Pour guider les médecins, la Haute Autorité de Santé préconise déjà une durée précise d'arrêt maladie selon les pathologies. Des chiffres que les médecins voient apparaître sur leur écran quand ils télé-transmettent leurs prescriptions d'arrêts de travail à la sécurité sociale. Parmi les recommandations, sept jours d'arrêt pour une opération du canal carpien, un jour pour une lombalgie ordinaire ou encore cinq jours pour une grippe standard. Cependant, rien ne les oblige à appliquer ces recommandations.

Les médecins vent debout. L'Assurance maladie propose donc désormais de leur attribuer des points quand ils appliquent ces chiffres. Un système emprunté à celui déjà utilisé aujourd'hui lorsqu'ils prescrivent, par exemple, des médicaments génériques. A la fin de l'année, plus les médecins ont de points, plus leur prime de rémunération sur objectif est importante. En résumé, les médecins ne respectant pas les recommandations de la sécurité sociale sur les arrêts maladies bénéficieraient donc d'une prime moins importante que ceux qui les appliquent. Une idée qui fait bondir les médecins. "On se demande à quoi sert le médecin... Le patient pourrait auto-déclarer la pathologie qu'il présente en ligne et il verrait à combien de journée d'arrêt il a le droit en un clic", explique Claude Leicher président du syndicat de médecins MG France.

Risque de conflit d'intérêt. "Au fond, nous les médecins, ça nous soulagerait beaucoup. On arrêterait de nous faire des procès d'intention parce qu'on est trop laxiste. Si on veut nous remplacer par un ordinateur, pourquoi pas, le patient fera un clic et il saura qu'il sera indemnisé pendant tant de jours", ironise-t-il encore. Les syndicats de médecins s'inquiètent surtout du conflit d'intérêt qui pourrait naître de cette mesure. Ils redoutent en effet un conflit entre le médecin, qui voudra toucher le maximum de sa prime, et le patient qui voudra, lui, un arrêt de travail suffisamment long pour se remettre sur pied.