Les pilotes de Ryanair tiennent tête à la direction

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Anne-Laure Jumet, édité par A.H. , modifié à
Un mois après la nouvelle vague d'annulations de vols, un vent de colère souffle parmi les pilotes de Ryanair, la compagnie aérienne irlandaise à bas prix.

Le mois dernier, Ryanair annonçait devoir annuler 18.000 vols entre novembre et mars, en plus des suppressions de quelque 2.000 vols prévus en septembre et octobre dévoilées mi-septembre sans crier gare. Des annulations de vols notamment liées aux départs de nombreux pilotes vers d'autres compagnies, bien moins radicales sur le volet social.  Une situation que Ryanair dément : selon la compagnie, moins de 100 commandants de bord et moins de 190 copilotes sont partis cette année, alors qu’elle a recruté dans le même temps plus de 900 pilotes. 

Il n’empêche : la compagnie irlandaise à bas coût a besoin d'eux pour assurer les vols. Les pilotes sont donc plutôt en position de force et commencent à se rebeller.

De meilleures conditions de travail plutôt que des augmentations. Preuve que le vent tourne : sur la base Ryanair de Stansted à Londres, la plus importante de la compagnie, les pilotes viennent de refuser les hausses de salaires et primes proposées pour motiver le personnel et régler les problèmes de planning. Même chose à Madrid, ou encore en Belgique, à Bruxelles et Charleroi.

Ryanair dit pourtant proposer de très importantes augmentations de salaires allant jusqu’à 22 000 euros par an pour les commandants de bord, afin que tous les pilotes de Ryanair soient payés 20 % de plus que d’autres compagnies low cost, comme Norwegian ou Jet2.  Mais plus que des augmentations, les pilotes réclament surtout de meilleures conditions de travail. Ils veulent notamment être soumis au régime du pays dans lequel ils travaillent, alors qu'aujourd'hui ils ont tous des contrats de droit irlandais.

La possibilité d'une grève ? Chez les pilotes, la fronde s'organise. Le mot grève est même prononcé, ce qui serait une révolution dans ce groupe qui n'accepte aucun syndicat. Une pilote de Ryanair a même écrit au PDG Michael O'Leary pour faire part des griefs de ses collègues et de la nécessité de s'asseoir autour de la table pour trouver des solutions. Un courrier balayé par la direction, qui précise que son auteur est en train de quitter la compagnie.

Sur Internet, les soutiens affluent. Une campagne de financement a même été lancée pour donner à ces pilotes les moyens de s'organiser, et leur donner de quoi se retourner, si en raison de leur action, ils étaient licenciés.