Les agriculteurs français manifestent leur ras-le-bol

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
AGRICULTURE - Embargo russe, normes européennes… les agriculteurs français trouvent leur travail de plus en plus difficile.

Les agriculteurs, juchés sur leurs tracteurs, défilent mercredi dans les rues à travers l'Hexagone. La FNSEA, avec les Jeunes Agriculteurs et les Chambres d'agriculture, se mobilisent en effet pour exprimer à nouveau leur lassitude. Le climat, déjà  explosif, a été ravivé par le débat autour du barrage de Sivens.

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Distribution de légumes et projection de...fumier. Des actions sont menées dans quasiment tous les départements, prenant différentes formes. Alors qu'à Paris agriculteurs franciliens distribuent gratuitement des fruits et légumes, à Nancy, 270 tracteurs ont convergé vers le centre-ville avant de déverser du fumier sur une place. À Épinal, 280 tracteurs ont déversé cinq tonnes de lisier devant la préfecture. À Strasbourg, 180 agriculteurs venus avec 150 tracteurs ont également déversé du fumier devant les locaux de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) pour y "semer du blé" et installer une mini-ferme avec des cochons. À Toulouse, les agriculteurs ont projeté mercredi matin du fumier sur la cité administrative. 

"Police agricole". Au péage de Saint-Avold en Moselle, 200 agriculteurs en colère, ont improvisant une "police agricole". Le principe ? Passer les camions étrangers au peigne fin, jetant par terre une partie de leurs chargements, sous les yeux dépités des chauffeurs, des médias et d'une vingtaine de gendarmes qui géraient la sécurité et le trafic perturbé des poids lourds.

À Besançon, une centaine d'agriculteurs sont entrés dans la matinée dans un supermarché où ils ont rempli une dizaine de chariots avec des produits étrangers. Ils sont sortis du magasin sans payer.

Une vingtaine de Jeunes Agriculteurs ont également contrôlé mercredi matin les camions qui alimentent les cantines de Bercy. Résultat de leur inspection : trop de produits étrangers encore une fois, selon eux.

Les agriculteurs veulent par ces actions en appeler au "patriotisme alimentaire". Ils réclament par exemple que deux plats sur trois servis dans les cantines publiques soient confectionnés à partir de produits français.

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Mais pourquoi sont-ils dans la rue ? Depuis la rentrée, la colère couve. Embargo russe sur les produits alimentaires, effondrement des cours des céréales, revenus en berne et élargissement de la directive nitrates. Le manque de compétitivité et l'empilement de contraintes rendent le travail des exploitants "impossible", explique Guy Vasseur, président des Chambres d'agriculture.

La FNSEA a tenté de négocier avec le gouvernement en multipliant les rendez-vous. Avec une part de succès. Sur ses huit revendications, deux sont tombées. Le gouvernement a enterré sine die l'écotaxe et le ministère de l'Agriculture a procédé au versement par anticipation de 3,4 milliards d'euros d'aides de la Politique agricole commune (PAC).

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Les nitrates, point le plus sensible. La FNSEA et son allié Jeunes Agriculteurs ne veulent pas du "zonage directive nitrates tel qu'il est annoncé". La dernière réglementation sur les nitrates a fait basculer près de 4.000 communes et 63.000 exploitations dans l'illégalité. Les agriculteurs concernés doivent désormais faire des investissements parfois coûteux pour limiter la pollution des eaux et une éventuelle prolifération d'algues vertes.

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