Les comptes d'Hersant dans le viseur

La Provence, l'un des titres du Groupe Hersant Média rachetés par Bernard Tapie et Philippe Hersant.
La Provence, l'un des titres du Groupe Hersant Média rachetés par Bernard Tapie et Philippe Hersant. © Reuters
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Sophie Amsili
Le groupe est soupçonné d'abus de biens sociaux avant la reprise de ses journaux par Bernard Tapie.

L'enquête. Les magnifiques pelouses et plans d'eau du golf Robert-Hersant de Nantilly, dans l'Eure-et-Loir, ont-t-ils bénéficié de sommes d'argent qui auraient dû revenir à des journaux détenus par le groupe Groupe Hersant Medias (GHM) ? C'est sur cette question que la justice se penche, d'après une information du Monde. Saisie de présomption d'"abus de biens sociaux", la brigade financière va "enquêter sur les flux financiers suspects entre le groupe de presse, au bord de la liquidation fin 2012, avant sa reprise, et le prestigieux golf." Non seulement les titres de presse de GHM comme La Provence et Nice-Matin était alors menacés de faillite, mais en plus, en 2011, une autre société de GHM, la Comareg, éditrice notamment du journal gratuit d'annonces Paru Vendu, était liquidée, laissant 1650 salariés sur le carreau.

Montebourg a saisi la justice. D'où est partie l'enquête ? "C'est le comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), qui a indiqué à M. Montebourg l'existence d'éventuels abus de biens sociaux", rapporte le quotidien. "J'ai saisi la justice", a de son côté confirmé le ministre du Redressement productif au Monde, "car nous avions là un groupe dirigé par un exilé fiscal, M. Philippe Hersant, dont la gestion était jugée contestable. Nous avons fait notre travail." Le signalement d'Arnaud Montebourg a été effectué "dès le mois de décembre 2012", soit un mois avant que l'homme d'affaires Bernard Tapie ne reprenne, en tandem avec Philippe Hersant, les titres de presse de GHM. Par la suite, Bernard Tapie avait accusé le cabinet d'Arnaud Montebourg d'avoir "travaillé à mort pour empêcher" son rachat des titres Hersant.

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En parallèle, une autre enquête. L'opération de rachat des titres va aussi être scrutée dans le cadre d'une autre enquête : à la demande du député PS des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci, une commission d'enquête parlementaire va en effet être constituée. Elle doit étudier les conditions de reprise du groupe par Bernard Tapie et Philippe Hersant. "Des accords secrets ont-ils été conclus par le tandem Tapie-groupe Hersant Média avec d'autres concurrents pour qu'à terme ces derniers bénéficient d'une vente préférentielle lors du démantèlement du groupe ?", s'interroge le projet de résolution parlementaire cité par Le Monde. Autre sujet étudié : "l'origine des sommes investies par Bernard Tapie", ce qui nous mène aux autres enquêtes en cours sur les 285 millions d'euros obtenus par l'homme d'affaires après l'arbitrage d'un contentieux avec l'Etat. Les opérations de Bernard Tapie n'ont pas fini de faire travailler la justice…

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