Les chiffres trimestriels du chômage, comment ça marche ?

Pôle emploi publie ses premiers chiffres trimestriels pour 2018.
Pôle emploi publie ses premiers chiffres trimestriels pour 2018. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP
Pôle emploi publie mercredi sa première mesure du chômage en 2018 avec un format trimestriel qui remplace les publications mensuelles abandonnées en 2017.

Après une baisse en 2016, puis une stabilisation en 2017, que réserve l'année 2018 sur le front du chômage ? Les chiffres de Pôle emploi pour le 1er trimestre, attendus ce mercredi, donneront une première tendance. Des premiers chiffres qui arrivent… en avril, conséquence de la décision du gouvernement d’abandonner les publications mensuelles historiques, jugées peu significatives. Désormais, la mesure du chômage par Pôle emploi est trimestrielle.

 

Pourquoi ce changement ?

Le choix du gouvernement de modifier la temporalité des publications du nombre de demandeurs d’emploi est l’aboutissement de plusieurs années de critiques de tous bords. La publication chaque fin de mois était redoutée par les ministres du Travail successifs, tout particulièrement pendant le mandat de François Hollande quand la courbe du chômage grimpait sans discontinuer. Michel Sapin comparaît ainsi le rythme de publication mensuel à "la cadence du tambour des galères".

Mais les chiffres mensuels de Pôle emploi étaient aussi de plus en plus décriés par de nombreux économistes et statisticiens, qui leur reprochaient leur grande volatilité sans lien avec les évolutions du marché du travail. La Dares, service des statistiques du ministère, jugeait également les évolutions mensuelles "pas significatives". Ces chiffres pouvaient en effet être affectés par des aléas administratifs : demandeurs d'emploi désinscrits pour avoir oublié d'actualiser leur situation auprès de Pôle emploi, qui se réinscrivent le mois suivant, nombre de jours ouvrés pendant la période d'actualisation, ou encore bugs dans l'envoi de SMS de relance aux demandeurs d'emploi pour les inviter à s'actualiser...

Une critique générale reprise à son compte par Muriel Pénicaud. La ministre du Travail refusait, depuis sa nomination, de commenter les publications de fin de mois, estimant qu'elles ne reflétaient "pas bien l'évolution du marché du travail". Elle a donc décidé fin 2017 d’y mettre fin et de les remplacer par des chiffres trimestriels. Le passage à des moyennes trimestrielles doit permettre de lisser les tendances. Avec une telle publication, l'année 2016, qui avait enregistré, avant révision, sept mois de baisse et cinq de hausse, se serait ainsi soldée par quatre trimestres de baisse.

Qu’attendre de ces chiffres ?

Alors que l'autre thermomètre du chômage, le taux de l'Insee, est en nette baisse, du côté de Pôle emploi, la décrue se fait attendre. Si l'année 2016 avait été source d'espoir, avec 112.600 demandeurs d'emploi en moins, l'année 2017 n'a pas été celle de la confirmation. Fin 2017, la France comptait 3,73 millions de demandeurs d'emploi sans activité (catégorie A), autant que fin 2016. L'année s'est toutefois finie sur une bonne note, avec, sur le 4e trimestre, 30.100 chômeurs de moins (-0,8%).

Et l'éclaircie pourrait se poursuivre au 1er trimestre. Les chiffres mensuels, qui continuent d'être mis en ligne malgré tout mais sans commentaire, laissent entrevoir une probable baisse du chômage de janvier à mars. En effet, pour qu'il soit en hausse, il faudrait que le nombre de chômeurs augmente d'environ 100.000 sur le seul mois de mars, ce qui n'est jamais arrivé, même au plus fort de la crise.

Mais en parallèle, le nombre de demandeurs d'emploi exerçant une activité pourrait, lui, continuer à augmenter, comme il l'a fait, sans discontinuer, depuis la crise de 2008. Illustration, selon certains syndicats, d'une précarisation du marché du travail. Résultat : avec ou sans activité, le nombre d'inscrits à Pôle emploi a atteint un record historique fin 2017, à 5,93 millions.