Les céréaliers ont gagné du blé

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Une bonne nouvelle qui reste à nuancer : ils touchent aussi le plus d’aides européennes.

• L'info. 2012 restera dans les mémoires des céréaliers comme un très, très bon cru. Grâce à la hausse des prix des matières premières, ces derniers vont gagner en moyenne 72.000 euros cette année, un record. Sauf qu’ils continuent d’être les premiers bénéficiaires de la Politique agricole commune (PAC) et que les autres agriculteurs, eux, se serrent la ceinture.

Une année record. Avec un revenu annuel moyen de 72.100 euros, selon des prévisions d'Agreste, le service statistique du ministère de l'Agriculture, les céréaliers sont en passe de boucler une année record. Cela représente 6.000 euros par mois. Les producteurs de betteraves et de pommes de terre ont également le vent en poupe : leur revenu annuel devrait frôler les 80.000 euros, un pic historique là aussi. 

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Pourquoi leurs revenus explosent ? Outre une bonne récolte due aux conditions climatiques, les céréaliers ont bénéficié de la flambée des prix des matières premières. Les géants du secteur, les Etats-Unis et la Russie, ont en effet réalisé de leur côté des récoltes très en-deça de la moyenne, déséquilibrant l’équilibre entre l’offre et la demande au niveau mondial. Résultat, le prix des céréales a bondi de 18%.

• Et les autres agriculteurs ?

- La moyenne des agriculteurs : 36.500 euros annuels (+4% par rapport à 2011)
- Les éleveurs de moutons et de chèvres : 15.300 euros annuels (-20%)
 - Les éleveurs de bovins : 15.400 euros annuels (-8%)
 - Les éleveurs laitiers : 26.500 euros annuels (-10%)
 - Les éleveurs de volaille et d’oiseaux : 40.500 euros annuels
 - Les éleveurs de porc : 46.700 euros annuels (+30%)

Le hic : ils sont aussi les plus subventionnés. Personne ne se plaindra que les céréaliers engrangent de confortables revenus. Les voix discordantes sont en revanche bien plus nombreuses lorsqu’on aborde le dossier des subventions européennes. Alors qu’ils sont ceux qui gagnent le plus parmi les agriculteurs, les céréaliers sont aussi les premiers bénéficiaires de la PAC : ils touchent 3 milliards d’euros d’aides chaque année, soit la moitié de la PAC, mais ne représentent que 20% des agriculteurs français.
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Quelle PAC après 2014 ? Le monde de l’agriculture gronde donc contre ces aides qui bénéficient en particulier aux plus favorisés, d’autant que les céréaliers disposent des solides relais dans le monde politique pour mener leur lobbying à bien. Mais les choses pourraient (un peu) changer : pour le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, ces écarts de revenus le confortent "dans l'idée que la répartition des crédits de la PAC doit être rééquilibrée en faveur des filières d'élevage". Cela tombe bien : les Européens négocient actuellement la réforme de la PAC pour les années 2014-2020.
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