L'Egypte futur géant gazier ?

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avec François Geffrier , modifié à
ENERGIES - Le géant italien de l'énergie ENI a annoncé dimanche la découverte du "plus grand" gisement offshore de gaz dans les eaux de l'Egypte,

Et si l'Egypte rejoignait le club des grandes producteurs d'hydrocarbure ? Le Caire pourrait en effet bien devenir l'un des principaux producteurs mondiaux de gaz après la découverte d'un gisement offshore qui serait le plus important de la mer de Méditerranée. Pour le géant italien de l'énergie ENI, cette zone située à 200 kilomètres des côtes pourrait "devenir l'une des plus grandes réserves de gaz naturel au monde".

Un "champ de gaz super-géant". "Il s'agit de la plus grande découverte de gaz jamais faite en Egypte et en mer Méditerranée", se félicite le groupe italien, assurant que cette découverte pourrait également "devenir l'une des plus grandes réserves de gaz naturel au monde". Ce gisement pourrait représenter un potentiel de 850 milliards de mètres cubes, sur "un secteur de 100 kilomètres carrés", assure la compagnie dans un communiqué, parlant de "champ de gaz super-géant". A titre de comparaison, cela représente deux années de consommation de gaz de toute l'Union européenne. Le ministère égyptien du Pétrole a confirmé la découverte, faite à 1.450 mètres de profondeur, précisant que "les opérations de développement" devraient durer quatre ans.

Cette découverte a été effectuée sur le site d'exploration "Zohr" dans la zone de Shorouk, exploitée par l'ENI qui en détient la licence d'exploitation à 100%, à la suite d'un appel d'offre que la compagnie avait remporté en janvier 2014. L'ENI va délimiter au plus vite le gisement pour assurer son développement rapide en utilisant au mieux les infrastructures déjà existantes, en mer et à terre.

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Une découverte décisive pour l'Egypte. Le directeur général d'ENI, Claudio Descalzi, "s'est rendu au Caire pour informer le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de ce succès important, et discuter de la découverte avec le Premier ministre Ibrahim Mahlab", selon le communiqué de la compagnie. Il faut dire qu'un tel gisement pourrait changer la donne en Egypte, pays à la démographie galopante mais aux ressources très limitées : depuis la chute du tourisme, le canal de Suez est la principale source de devises du pays.

Cette découverte est donc un atout non négligeable pour le régime du général al-Sissi, qui s'est érigé en "ultime rempart" contre le "terrorisme islamiste" mais peine à relancer une économie dominée par l'armée et les entreprises qu'elle contrôle. L'exploitation de ce gaz peut donc permettre à la fois au pays d'être autosuffisant pour quelques années mais aussi garantir une certaine sécurité au moment où l'Egypte est le théâtre d'une vague d'attentats perpétrés par la branche locale de l'Etat islamique (EI).

Le Caire "dépendrait moins de l'extérieur". Une telle découverte "peut être suffisante pour combler une partie du fossé énergétique" de l'Egypte, selon l'analyste Robin Mills de Manaar Energy Consulting, basé à Dubaï et cité par l'agence Bloomberg. "Ils vont probablement combler d'abord leurs besoins domestiques, avant de discuter de plans pour l'exportation", et les perspectives israéliennes d'exportation de gaz vers l'Egypte vont s'en trouver diminuées.

Avec un tel gisement gazier, "l'Egypte dépendrait moins de l'extérieur", décrypte Dominique Moïsi pour Europe 1. Et ce chercheur à l'Institut français des relations internationales d'ajouter (Ifri) : "on a vu au cours des dernières années l'Egypte prendre ses distances avec les Etats-Unis, qui avaient eux-mêmes pris leurs distances à l'égard du régime du maréchal Sissi. Cela veut dire qu'il y a un nouvel équilibre régional qui se met en place avec un peu plus d'Egypte et encore moins d'Arabie Saoudite".