Le salaire des PDG du public belge (aussi) plafonné

"Pour 290.000 euros par an, je ne reste pas", avait prévenu Johnny Thijs, patron de bpost.
"Pour 290.000 euros par an, je ne reste pas", avait prévenu Johnny Thijs, patron de bpost. © Reuters
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Sophie Amsili , modifié à
Ils gagneront au maximum 290.000 euros, un seuil plus bas qu'en France, fruit de longues négociations.

La décision. Ils touchaient jusqu'à présent entre 500.000 et 2,1 million d'euros par an. Mais leur compte en banque va subir un sérieux coup de frein. Les patrons de cinq sociétés publiques belges, les "top managers", verront en effet leur salaire annuel plafonner à 290.000 euros. La décision est issue de longues négociations au sein de la coalition gouvernementale sur les noms de ces cinq dirigeants, chacun des cinq partis essayant de placer ses proches.

Le débat enflamme en effet la vie politique belge depuis plusieurs semaines. Qui sera nommé ? Pour quel salaire ? "Pour 290.000 euros par an, je ne reste pas", avait prévenu d'emblée Johnny Thijs, patron de bpost, la poste belge, qui touche actuellement quelque 1,12 million d'euros par an. Pas question de prévoir des "exceptions", martelait de son côté le gouvernement belge.

Un plafond plus bas qu'en France. Finalement, l'accord trouvé au sein de la coalition gouvernementale est tout en subtilité, aussi bien dans le choix des nominés pour préserver l'équilibre politique et linguistique du pays que dans les modalités pour faire appliquer le plafond de 290.000 euros. Le seuil lui-même est sévère, davantage que celui décidé en France en juin 2012 à 450.000 euros. Il équivaut en fat à la rémunération du directeur belge de l'administration des Finances. "Cette décision contribue à rétablir une forme de justice salariale (...) Il faut mettre un terme à l'indécence de certains salaires", a justifié le ministre belge des Entreprises publiques, Jean-Pascal Labille.

Des bémols. Un supplément d'un maximum de 10% de cette rémunération pourra cependant être octroyé au "top manager" belge par son ministre de tutelle. De plus, les PDG des entreprises publiques belges continueront de gagner plus que le Premier ministre lui-même, Elio di Rupo, payé environ 220.000 euros par an

Autre bémol : sans accorder d'exception, le gouvernement belge a réussi à calmer par une pirouette la polémique avec les PDG les mieux lotis : seuls les dirigeants fraîchement nommés sont concernés par le nouveau plafond. Johnny Thijs et Didier Bellens, PDG de l'opérateur de téléphonie Belgacom dont le salaire culmine à 2,14 millions, reportent ainsi les discussions sur leur rémunération à la fin de leur mandat, respectivement en 2014 et 2015.

S'ils saluent ce nouveau plafond, les médias belges soulignent néanmoins un autre sujet de polémique: celle de la "politisation des postes de direction". "Tous les nouveaux patrons des entreprises publiques sont désormais issus des cabinets politiques... ou d’autres entreprises publiques", note la rédactrice en chef du quotidien économique L'Echo. Un "petit jeu de chaises musicales" qui permet notamment "de satisfaire les demandes des partis de la coalition gouvernementale (qui avaient tous un ou plusieurs poulains en vue)" et "de recaser les bons serviteurs de l’Etat".