Le Français Jean Tirole sacré prix Nobel d'économie 2014

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avec AFP , modifié à
LAURÉAT - L'économiste Jean Tirole s'est vu décerner le prix Nobel d'économie 2014.

Après le prix Nobel de la Paix, le Nobel de littérature ou encore de médecine, place au prix Nobel d'économie. Et c'est le français Jean Tirole, chercheur à l'université de Toulouse, qui a été récompensé. Il est primé pour son "analyse de la puissance du marché et de la régulation", a annoncé le jury dans un communiqué.

Le troisième Français récompensé. Chercheur resté fidèle à l'université de Toulouse depuis les années 1990, après être revenu de l'université américaine MIT, Jean Tirole était cité parmi les favoris du Nobel depuis quelques années. Agé de 61 ans, il n'avait pas attendu l'annonce de Stockholm pour bénéficier d'une réputation mondiale: son CV remplit 24 pages de distinctions, publications et prix en tous genres (prix Claude Levi-Strauss en 2010, prix récompensant le meilleur jeune économiste européen en 1993).

Originaire de Troyes, Jean Tirole est le troisième Français récompensé par le prix Nobel d'économie après Gérard Debreu en 1983 et Maurice Allais en 1988. "C'est un petit peu intimidant (...). Suivre leur trace est quelque chose de très impressionnant pour moi", a réagi Jean Tirole sur France Info. Il recevra son prix, et la récompense de 8 millions de couronnes suédoises (environ 878.000 euros), le 10 décembre à Stockholm.

Un spécialiste de la théorie de l'information et de la régulation. Présenté par le comité Nobel comme "l'un des économistes les plus influents de notre époque" malgré sa modestie, il a notamment "éclairci la manière de comprendre et de réglementer les industries avec quelques entreprises importantes".

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"La meilleure régulation ou politique en matière de concurrence doit (...) être soigneusement adaptée aux conditions spécifiques de chaque secteur. Dans une série d'articles et de livres, Jean Tirole a présenté un cadre général pour concevoir de telles politiques et l'a appliqué à un certain nombre de secteurs, qui vont des télécoms à la banque", a résumé l'Académie royale des sciences. "En s'inspirant de ces nouvelles perspectives, les gouvernements peuvent mieux encourager les entreprises puissantes à devenir plus productives et, dans le même temps, les empêcher de faire du tort à leurs concurrents et aux consommateurs", a-t-elle ajouté.

En clair, l'apparition de crises n'est à ses yeux pas de la seule responsabilité des acteurs économiques : elles résultent aussi et surtout des défaillances des régulateurs. Interrogé par Les Echos sur les origines de la crise de 2008, l'économiste mettait en avant "une défaillance des institutions étatiques nationales et supranationales", allant jusqu'à parler de "laxisme" imputé à "des institutions de régulation défaillantes".

Ayant travaillé avec Jean-Jacques Laffont, Jean Tirole a notamment participé à conceptualiser le marché des émissions de CO2. Parmi ses propositions les plus connues, il a aussi recommandé d'instaurer un taxe de licenciement, qui augmenterait en fonction du nombre de personnes renvoyées par une même entreprise, mais aussi un contrat unique qui remplacerait les CDI et CDD.

"La fierté de notre pays". Les réactions enthousiastes n'ont pas tardé, de la part de Manuel Valls, du ministre de l'Economie ou encore de Jacques Attali.

"Ce prix Nobel marque une école française (...) liée à la régulation (...) C'est la reconnaissance d'une pensée économique française qui a une forme de singularité dans le monde aujourd'hui", a renchéri Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement.

Du côté d'Attac, la réaction est en revanche bien moins enthousiaste vis-à-vis d'un chercheur considéré comme appartenant au courant de pensée libéral :