Le premier budget Macron débattu dans l'hémicycle, l'ISF au centre des polémiques

Les députés vont devoir étudier pas moins de 1.200 amendements déposés pour ce projet de loi de finances 2018
Les députés vont devoir étudier pas moins de 1.200 amendements déposés pour ce projet de loi de finances 2018 © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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avec AFP , modifié à
Le premier budget du quinquennat d'Emmanuel Macron sera débattu à partir de mardi 16 heures, des discussions qui s'annoncent houleuses notamment autour de la réforme de l'ISF et de la baisse des aides au logement. 

Fort d'un satisfecit de Bruxelles sur sa trajectoire de réduction des déficits, le gouvernement défend dans l'hémicycle son premier budget avec de longues passes d'armes en vue autour de la réforme de l'ISF défendue bec et ongles par Emmanuel Macron. Pas moins de 1.200 amendements ont été déposés sur ce premier volet du projet de loi de finances consacré aux "ressources" qui sera débattu toute la semaine, à partir de 16 heures.

Sortir de la procédure de déficit excessif. L'objectif de l'exécutif, qui présente en même temps une loi de programmation des finances publiques jusqu'en 2022, est que la France, dernier pays de la zone euro en procédure de déficit excessif avec l'Espagne, sorte du viseur au moment où elle propose de réformer en profondeur l'UE.

Après être revenu juste sous le seuil des 3% du PIB de déficit en 2017, l'exécutif prévoit 2,6% en 2018 et un quasi retour à l'équilibre en 2022, à la faveur d'une croissance de 1,7 à 1,8% et d'une très faible progression de la dépense. Édouard Philippe est allé défendre cette trajectoire lundi à Bruxelles

Près de 15 milliards d'économies. Pour y arriver, le gouvernement a prévu en 2018 près de 15 milliards d'euros d'économies : sept pour l'État, avec des coupes controversées dans les aides au logement et contrats aidés notamment, cinq pour la Sécurité sociale, trois pour les collectivités locales. Cela passe mal à gauche alors qu'en même temps ce budget transforme l'ISF en impôt sur la seule "fortune immobilière" (IFI) qui, conjuguée à l'introduction d'une "flat tax" de 30% sur les revenus du capital, va priver l'État de 4,5 milliards d'euros.

Un investissement des plus riches en faveur des entreprises. La République en Marche fait "le pari" que les Français aisés investiront leur épargne dans les entreprises. La chef de file LREM de la commission des Finances, Amélie de Montchalin, a "donné rendez-vous" aux banquiers et assureurs le 22 janvier à l'Assemblée pour qu'ils lui remettent "une feuille de route où ils s'engagent à créer des produits financiers en faveur des PME".

En dépit des doutes exprimés y compris au sein de la majorité (le Modem présentant un amendement pour maintenir l'ISF en excluant la détention de titres du périmètre), LREM ne reviendra pas sur les principes de la réforme de l'ISF, mais compte surtaxer des "signes extérieurs de richesse" (yachts, voitures de sport et métaux précieux) pour éviter "des effets d'aubaine", avec cependant un rendement très limité (moins de 50 millions d'euros).

Des affrontements à venir avec la droite. Hostile de longue date à l'ISF, la droite, qui pourrait avoir des échanges tendus avec deux ministres venus de ses rangs (Bruno Le Maire et Gérald Darmanin), est dans une position inconfortable. Elle déplore que le gouvernement "ne soit pas allé jusqu'au bout" en gardant l'IFI, ou ne fasse pas assez d'économies avec 1.600 postes de fonctionnaires supprimés sur 120.000 annoncés pour le quinquennat.

LR se veut aussi le défenseur des retraités face à la hausse de la CSG qui figure dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, dont les députés démarrent l'examen mardi en commission. Dimanche soir, Emmanuel Macron a appelé les retraités à prendre en compte la suppression en trois ans de la taxe d'habitation, autre mesure phare du budget, qui "dans une grande partie des cas compensera ce 1,7 point de CSG".

Des grèves de France Télévisions et Radio France. Comme chaque année, des protestations sectorielles s'inviteront au débat. Les principaux syndicats de France Télévisions ont lancé un appel à la grève mardi qui devrait être très suivi, et auquel s'est associée la CGT de Radio France, pour protester contre la baisse des crédits.