Le Portugal "sauvé", l'Europe relancée ?

Lisbonne peut enfin respirer, elle ne sera désormais plus dominée par la Troïka qui lui imposait des réformes structurelles.
Lisbonne peut enfin respirer, elle ne sera désormais plus dominée par la Troïka qui lui imposait des réformes structurelles. © MAXPPP
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Damien Brunon , modifié à
ET POUR LA SUITE ? - Lisbonne a refusé la dernière tranche d’aide financière européenne. Est-ce le signe du renouveau du modèle européen ?

L’INFO. Après l’Irlande, c’est le Portugal qui a annoncé dimanche qu’il sortira de son plan de sauvetage financier sans demander un dernier crédit de précaution. La décision a été saluée par tous ses partenaires européens et représente un nouveau pas de l’Union vers une sortie de crise. La bonne nouvelle ne cache néanmoins pas les résultats mitigés de l’économie du continent.

Des réformes efficaces. Le déclic s’est fait début janvier, alors que pour la première fois depuis le début de la crise, le Portugal s’est financé avec succès sur les marchés privés. “Nous faisons ce choix car notre stratégie de retour aux marchés à été couronnée de succès”, a précisé dimanche Pedro Passos Coelho, le Premier ministre portugais.

"Cela a été rendu possible grâce à la rigoureuse application (par Lisbonne) de son programme d'aide au cours des trois dernières années", a réagi lundi le président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso qui a salué "un succès" à la fois pour son pays et pour l'Europe.

L’urgence est réglée. “C’est un symbole auquel notre Vieux Continent est attaché, analyse Nicolas Barré, éditorialiste à Europe 1. Ca veut dire que les Cassandres avaient tort”. Il faut dire qu’il y a encore un an, certains prédisaient la chute de la zone euro et du modèle de l’Union européenne. La décision du Portugal, combinée à celle de l’Irlande, est la preuve de la capacité de résilience de l’Europe.

Le Portugal n'est plus un maillon faiblepar Europe1fr

Et la crise européenne a servi de leçon. Elle a permis au continent d’avancer sur l’union bancaire. “Au fond, si on fait le bilan, l’Europe est nettement plus solide qu’il y a cinq ans”, note Nicolas Barré.

La croissance en Europe se fait attendre. Il ne faut néanmoins pas croire que les bonnes nouvelles provenant de la péninsule ibérique augurent un renouveau économique amorcé. Les perspectives de croissance annoncées par la Commission européenne pour la zone euro lundi en sont la preuve. Si elle a relevé son anticipation pour 2015 de 1,2% à 1,7%, ce n’est pas encore la panacée.

Ces dernières années, le bilan n’était déjà pas fameux. Entre 2000 et 2013, la croissance n’a été que de 1,3% dans la zone euro, contre 1,7% pour le Royaume-Uni et presque 2% pour les Etats-Unis.

L’union économique toujours dans les cartons. Autre point noir : une union économique et industrielle qui se fait toujours attendre. La convergence des économies, célébrée depuis de nombreuses années, peine toujours à se mettre en place. Dernière exemple en date, la difficile mise en place de la taxe sur les transactions financières à l’intérieur même de la zone euro.

Au final, alors que l’industrie rayonne en Allemagne, elle périclite dans certains pays du sud du continent. “Si l’Europe a su gérer les urgences de la crise, elle passe maintenant à la phase 2, celle des réformes de fond, que chaque pays doit accomplir. Et ça, c’est un défi d’un tout autre calibre”, conclu Nicolas Barré.

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