Le PDG d'Alstom ne voit "pas d'issue structurelle" pour le site de Belfort

"Nous ne sommes pas en train de négocier avec l'État", a affirmé le patron du constructeur de matériel ferroviaire.
"Nous ne sommes pas en train de négocier avec l'État", a affirmé le patron du constructeur de matériel ferroviaire. © ERIC PIERMONT / AFP
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avec AFP , modifié à
Henri Poupart-Lafarge, le PDG du groupe industriel, était auditionné mardi par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.

Le constructeur ferroviaire Alstom ne voit "pas d'issue structurelle" pour le site de Belfort, en raison d'une pénurie de commandes publiques, a expliqué mardi Henri Poupart-Lafarge, le PDG du groupe industriel, auditionné par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.

"Nous ne sommes pas en train de négocier avec l'État". "Je ne sais pas aujourd'hui quelle sera la nature du plan qui sera mis en oeuvre par le gouvernement dans les jours qui viennent", a-t-il déclaré aux députés. Mais du côté d'Alstom, "nous ne voyons pas d'issue structurelle " pour ce site, a-t-il ajouté. "Nous ne sommes pas en train de négocier avec l'État", a affirmé le patron du constructeur de matériel ferroviaire, en réponse aux accusations de "machiavélisme" et de "chantage" à l'emploi dont il a estimé être la cible. Pour l'heure, l'État étudie, avec la direction du groupe, des solutions pour "rendre le site de Belfort pérenne", a-t-il expliqué.

De nouvelles commandes pas envisageables. Selon le groupe, la baisse d'activité du fret ferroviaire en France et "le niveau historiquement bas" des commandes de TGV affectent plus durement l'usine de Belfort que ses autres sites de production en France. Ainsi, seulement une vingtaine de locomotives et motrices de TGV sortiront de l'usine franc-comtoise cette année, contre 140 en 2008. Henri Poupart-Lafarge a écarté toute possibilité de nouvelles commandes, de la part de la SNCF ou de la RATP notamment, qui permettraient de relancer durablement l'activité. "J'ai trop conscience de la difficulté du transport ferroviaire en France, pour aller forcer des commandes de trains qui iraient rouiller dans des placards", a-t-il dit.

Si Alstom a pu maintenir une activité industrielle à Belfort depuis dix ans, c'est "grâce aux efforts du groupe pour promouvoir l'exportation", a-t-il affirmé. Néanmoins ces performances ne permettent pas toujours de maintenir les rythmes de production dans les usines françaises. "Les clients demandent de la localisation sur place", tandis que les grosses commandes en provenance du Kazakhstan, d'Azerbaïdjan, de Russie ou d'Inde ne permettent de produire que "quelques locomotives" à Belfort, a justifié Henri Poupart-Lafarge.

"Regardons à consolider Reichshoffen". Loin de remettre en cause le projet de fermeture de la production de trains de l'usine de Belfort, le PDG a souligné au contraire qu'il permettrait de renforcer d'autres sites qui connaissent également des "baisses de charge", en particulier Reichshoffen en Alsace vers laquelle l'activité de Belfort doit être transférée. "Il y a cette absence de perspective à Belfort, regardons à consolider Reichshoffen en lui donnant des perspectives multiples", a-t-il conclu.

Le patron d'Alstom était auditionné par les députés alors que plusieurs centaines de salariés de l'usine du groupe à Belfort, mais aussi d'autres sites du constructeur ferroviaire ont manifesté ce mardi devant le siège de l'entreprise à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) pour dire "non à la fermeture" du site franc-comtois.