SNCF : la CGT et Sud Rail décident de poursuivre un mouvement qui s'essouffle

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Redaction , modifié à
Europe 1 vous résume les principales informations de la journée de jeudi.

Les jours se suivent et se ressemblent. Plus de deux semaines après que les chauffeurs routiers ont ouvert le bal, la mobilisation contre la loi Travail de Myriam El Khomri se poursuit, avec son lot de perturbations. La mobilisation a néanmoins marqué le pas vendredi du côté de la SNCF, tandis que le secteur du traitement des déchets semble prendre le relais. 

Les principales infos à retenir vendredi :

  • A la SNCF et à la RATP, le trafic reste inchangé par rapport à jeudi. 
  • La CGT et Sud Rail ont confirmé qu'ils poursuivaient la grève.
  • Le mouvement prend de l'ampleur dans le secteur des déchetteries et se poursuit dans les raffineries.
  • Les forces de l'ordre sont accusées de débordements et les syndicats patronaux haussent le ton.
  • Le point sur les transports

Trafic toujours perturbé mais mobilisation en baisse à la SNCF. La compagnie ferroviaire continue de tourner au ralenti : 40% des Transiliens et RER en Ile-de-France, le tiers des Intercités de jour (aucun la nuit), la moitié des TER et six TGV sur dix sont prévus. Si les perturbations sont identiques à la veille, la mobilisation des salariés ne cesse de baisser : le taux de participation à la grève reconductible est tombé vendredi à 10,5%, tous personnels confondus, a annoncé l’entreprise. Ils étaient 17% mercredi et 15,2% jeudi.

Face à un mouvement qui s'enlise, le patron de la SNCF a envoyé vendredi un message aux grévistes : il souhaite que le mouvement soit suspendu au nom de la "solidarité" avec les Français, en référence aux intempéries qui frappent une partie du pays. La réponse n'a pas tardé : la CGT et Sud Rail appellent à poursuivre le mouvement et même à l'amplifier.

A la RATP, seules quelques lignes concernées. Du côté de la RATP, les perturbations sont plus localisées. Dans le métro, le trafic est normal. Sur le réseau de bus, seules quelques lignes sont perturbées (27, 47, 67, 88, 106, 107, 125, 131, 132, 152, 162, 180, 184, 186, 317 et 380). Dans les tramways, la ligne 4 est totalement fermée. Dans le RER, outre la ligne C fermée à cause des inondations, seule la ligne B est perturbée : un train sur trois circule entre Gare du Nord et Aéroport Charles de Gaulle/ Mitry Claye, et quatre trains sur cinq entre Gare du Nord et Saint-Rémy-lès-Chevreuse/Robinson.

Grève sans perturbation dans les aéroports parisiens. Le personnel d'ADP est appelé à la grève jusqu'à lundi matin par FO, CGT et UNSA pour l'emploi, les salaires, les conditions de travail et le "retrait de tous les projets de négociation des accords". Le mouvement s'inscrit aussi dans l'opposition à la loi travail. Mais après le retrait des autres syndicats, la direction n'a décompté que "6% de grévistes" et affirme qu'il n'y a "aucune perturbation" sur ses trois plateformes (Orly, Roissy et Le Bourget).

Air France menacée de grève par ses pilotes. Les trois syndicats de pilotes de ligne ont mis leur menace à exécution : ils appellent à la grève du 11 au 14 juin, c'est-à-dire au lendemain de la cérémonie d'ouverture de l'Euro de football. Ce mouvement n'a rien à voir avec la loi Travail, les pilotes de ligne contestent toujours les mesures de productivité prises par la direction, cette dernière estimant qu'ils n'ont pas respecté leurs engagements pris dans le cadre du plan Transform 2015. Cette menace de grève a été qualifiée vendredi d'"assez irresponsable pour ne pas dire incompréhensible" par le secrétaire d'Etat chargé des Transports, qui a ajouté : "J'espère que c'est simplement une opération médiatique" et que "le dialogue va l'emporter".

  • Les autres secteurs perturbés

Plusieurs déchetteries bloquées. Les opposants ont ouvert lundi un nouveau front en bloquant l'une des principales déchetteries de l’agglomération parisienne. Depuis, le mouvement ne cesse de prendre de l'ampleur : vendredi, trois des quatre principaux centres de traitement des déchets franciliens sont bloqués. La collecte et le traitement des ordures sont également en partie bloqués dans les villes de Toulouse, Saint-Étienne, Nantes, ainsi que dans la majeure partie du département de l'Ariège.

Statu quo dans le secteur pétrolier. Six des huit raffineries étaient en grève jeudi, mais certaines ont pris des décisions contrastées vendredi : les salariés de la raffinerie de Grandpuits ont voté la reprise du travail, tandis que ceux de la raffinerie Total de Donges ont décidé de poursuivre la grève. Le mouvement a également été reconduit au terminal de Fos-sur-Mer, mais l'Union française des industries pétrolières (Ufip) ne fait pas état de nouvelles difficultés à la pompe. Du côté des centrales nucléaires, la CGT a accentué son action avec un appel à la grève reconductible, tandis que la CFE-CGC Energies et l'Unsa Energies se sont joints à la mobilisation jeudi. Aucune coupure de courant n'a pour autant été constatée. 

  • Violences policières et coups de gueule

Les forces de l'ordre accusées d'avoir la matraque facile. Si le maintien de l'ordre n'est pas aisé pour des forces de l'ordre sur le front depuis des mois et confrontées à des groupuscules de manifestants prêt à se battre, leur action est de plus en plus critiquée. C'est notamment le cas à Rennes, où la journée de jeudi fut mouvementée : cinq manifestants ont été pris en charge aux urgences pour des coups de matraque et un sixième est resté en observation pour la nuit. Plusieurs journalistes qui couvraient la manifestation ont aussi reçu des coups de matraque de la part des policiers.

Les employeurs donnent de la voix. L'Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône, représentant local du Medef, a dénoncé vendredi "l'asphyxie" du port de Marseille, où les terminaux pétroliers sont bloqués depuis le 23 mai. "En paralysant l'opérateur unique Fluxel, une poignée de grévistes prend en otage une filière toute entière. Les entreprises de ce secteur d'activité sont en train de mourir (agents maritimes, transports de matières dangereuses, sociétés de gardiennages...) par la capacité de nuisance d'une catégorie de personnels protégés", affirme l'organisation patronale.