"Le milliard d’euros, je le cherche encore"

Xavier Beulin, président de la FNSEA, a assuré mettre en garde les céréaliers de toute tentative de spéculation du prix de la paille et du fourrage.
Xavier Beulin, président de la FNSEA, a assuré mettre en garde les céréaliers de toute tentative de spéculation du prix de la paille et du fourrage. © EUROPE 1
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Marion Sauveur , modifié à
Le président de la FNSEA a critiqué les annonces d’aide du gouvernement sur la sécheresse.

"A ce jour, 2011 est sans doute l’année la plus difficile à vivre pour l’agriculture. En tout cas depuis 1949, année, paraît-il de référence", a déploré Xavier Beulin, invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien/Aujourd’hui en France. Le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles estime qu’il faut, d’une part, "évidemment prendre en compte les pertes que vont engendrer cette sécheresse en particulier pour l’élevage. Mais c’est aussi préparer l’avenir".

Un bilan précis en septembre

Xavier Beulin n’a pas fait état d’un bilan à ce jour. Mais il a prévu de revoir le président de la République en septembre prochain, date à laquelle "les bilans devraient être plus précis". Mais, a-t-il déploré, "manifestement, les pertes vont être très importantes". D’autant, a estimé le président du premier syndicat agricole, qu’"une partie de l’agriculture subit déjà depuis 2-3 ans subit déjà calamités".

Quant aux mesures annoncées par le gouvernement - à hauteur de "près d'un milliard d'euros", d’après ce qu’a annoncé le Premier ministre aux sénateurs -, Xavier Beulin a assuré avoir "pris acte des mesures annoncées". Mais, a-t-il nuancé, "le milliard d’euros, je le cherche encore" tout en détaillant les différentes mesures aujourd’hui dévoilées par les autorités françaises. "Aujourd’hui, on est à un peu plus de 500 millions d’euros", a-t-il dit. Et d’ajouter : "les dépenses, que vont engendrer les éleveurs pour finir l’année (en raison de la sécheresse, ndlr), vont couter beaucoup plus qu’un milliard d’euros".

Un million de tonnes de paille

Le président de la FNSEA a abordé également le risque de spéculation du prix de la paille et du fourrage de la part des céréaliers. L'objectif, a expliqué Xavier Beulin, est que les agriculteurs ne perdent pas d'argent tout en évitant la spéculation "même si, à la marge, il pourra y avoir quelques dérives" notamment dans les régions frontalières. D'autant que "les prix sont meilleurs qu’ils ne l’étaient ces dernières années". Mais, a-t-il assuré, "nous faisons preuve d'un effort de solidarité exemplaire".

Il a toutefois condamné toute tentative de spéculation et a expliqué "mettre en garde" les céréaliers "parce que ce n’est pas une attitude très responsable". En son pouvoir, Xavier Beulin et ses équipes n'ont "que la capacité de conviction".

"La FNSEA, a-t-il rappelé, a mis en place un contrat entre zone céréalière et zone élevage pour favoriser l'acheminement de la paille et du fourrage". Globalement, "je pense que nous aurons plus d’un million de tonnes de paille qui va transiter à travers la France, a indiqué Xavier Beulin. Et d'ajouter que cela correspond à "60.000-70.000 camions, ce qui est gigantesque. Voilà pourquoi on aura besoin de la SNCF, de la défense et des transporteurs routiers : les trois cumulés parce que c’est un grand chantier".

"Pouvoir stocker 2% d'eau de pluie en plus"

D'autre part, Xavier Beulin a regretté que "la France exporte de l’eau sur l’Espagne". Le président de la FNSEA a demandé, pour éviter qu'une telle situation se reproduise à cause de la sécheresse, "de pouvoir stocker entre 1 et 2% d'eau de pluie qui tombe chaque année en plus. (...) Avec ça, on règle un grand nombre de problèmes".

"Producteurs, ne payez pas"

Alors que les producteurs de fruits et légumes subissent les effets de la bactérie Eceh et de la sécheresse qui s'est abattue sur la France depuis avril, le président du premier syndicat agricole leur a conseillé de ne pas rembourser les aides du gouvernement français et jugées illégales par Bruxelles.

"Aujourd’hui, ne payez pas", leur a-t-il lancé. "Nous voulons continuer la discussion sur le sujet", a expliqué Xavier Beulin tout en jugeant que "Bruxelles ferait bien de faire preuve, elle aussi, d’un peu de discernement" dans la situation actuelle.