Le manque de soleil nuit aux affaires

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Sophie Amsili et Mélanie Taravant , modifié à
ENQUÊTE - Le textile, la jardinerie ou encore les parcs d'attraction souffrent du mauvais temps.

Le printemps a officiellement commencé il y a deux mois jour pour jour. Pourtant, c'est toujours la pluie et la grisaille qui dominent aujourd'hui, avec des conséquences catastrophiques sur l'activité économique. La rengaine est connue mais les chiffres sont éloquents : 80 % des secteurs d'activité sont affectés par la météo pour un montant global de 35 % du PIB, soit près de 700 milliards d'euros, selon les experts.

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Des parapluies plutôt que des sandales. Les baisses de chiffres d'affaire sont particulièrement sévères dans certains secteurs, à commencer par le textile. Un chiffre est éloquent : les ventes de vêtements féminins légers, comme les robes à bretelles et les tee-shirts, ont chuté de 50% par rapport à l'an dernier. "C'est catastrophique. Du jamais-vu", assure au micro d'Europe 1 Charles Melcer, président de la Confédération des commerçants de France, qui note que la mode des couleurs flashy n'aide pas à vendre en pleine grisaille. Les chaussures et la maroquinerie s'en sortent à peine mieux : les ventes ont reculé d'environ 6%, toujours par rapport à 2012.

Alors que ces stocks s'entassent, les commerçants vont bientôt ne plus avoir le choix : "On va être obligé de casser les prix. On ne peut pas garder la marchandise", constate Charles Melcer. "La marge bénéficiaire va être ridicule mais il faut bien limiter la casse, sinon on met la clé sous la porte". Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les clients pourront s'attendre à de "grosses promotions".

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Barbecues et chaises longues s'entassent. En l'absence de soleil, les Français ne se pressent pas pour acheter du mobilier de jardin ou des plantes. Alors que le printemps représente normalement la moitié du chiffre d'affaires des jardineries, ce début d'année est catastrophique, reconnaît le PDG du groupe Jardiland, Michel Conte, interrogé sur Europe 1. Les ventes ont reculé de 20% depuis le début de l'année, "du jamais-vu" depuis la création de Jardiland, il y a 30 ans. En particulier, celles des barbecues, des chaises longues et des plantes ont dégringolé de près de 30%.

Les commerçants traquent le retour de quelques rayons de soleil car la moindre éclaircie peut faire repartir les affaires. Lors des quelques journées ensoleillées mi-avril, la fréquentation des magasins Jardiland a bondi jusqu'à 100% en un jour. "On peut espérer un report des ventes sur le mobilier de jardin", souligne Michel Conte. Mais pour les végétaux en pépinière, c'est trop tard : "c'est tout une filière qui est touchée."

Les parcs d'attraction désertés. La morosité touche de nombreux autres secteurs. Les parcs de loisirs sont ainsi étonnamment calmes. Le parc Astérix accuse, par exemple, une baisse de sa fréquentation de 20%. Dans l'agriculture, la mauvaise météo entraîne "du retard sur la pollinisation et sur la maturation ", a reconnu lundi le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. "Certains maraîchers, producteurs de fruits et viticulteurs" commencent à en souffrir, précise-t-il.

Certains s'en tirent mieux. Dans cette morosité ambiante, "les seuls qui s'en tirent à peu près sont les cavistes et les affineurs fromagers", constate Charles Melcer de la Confédération des commerçants de France. Dans les grandes villes, les fromagers ont ainsi vu leurs ventes augmenter de 10%. Quoi de mieux qu'un verre de vin et un morceau de fromage en pleine grisaille ? sourit Charles Melcer. "Certainement pour oublier, nous buvons un petit peu et nous passons un bon moment !"