Muriel Pénicaud, ministre du Travail, vise un taux de chômage de 7% en 2022.
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La ministre du Travail a expliqué mardi sur Europe 1 ce que le Premier ministre, Edouard Philippe, entendait par un "retour au plein emploi". 
INTERVIEW

"Pendant longtemps, on a cru que le chômage était une fatalité. Ce qu'on veut dire, c'est qu'il n'y a pas de fatalité." Muriel Pénicaud, ministre du Travail, était au micro d'Audrey Crespo-Mara mardi, sur Europe 1, pour détailler les propos d'Edouard Philippe. La veille en effet, le Premier ministre, au sortir d'un séminaire gouvernemental, annonçait avoir pour objectif le "retour au plein emploi". "On a toujours l'ambition d'arriver à un taux de chômage autour de 7% en 2022", a expliqué Muriel Pénicaud.

"On ne pourra pas créer d'emploi s'il n'y a pas la confiance"

Aujourd'hui, ce taux est à 8,8%. Il était de 9,7% à l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée, en 2017. "Ce qu'on dit c'est qu'il ne faudra pas s'arrêter là. Il n'y a pas de définition [chiffrée] du 'plein emploi' mais ce qu'on veut c'est aller plus loin", a poursuivi la ministre du Travail. Interrogée sur l'impact du mouvement des "gilets jaunes" sur ces chiffres, Muriel Pénicaud n'a pas confirmé qu'une baisse plus importante aurait pu être observée sans cette mobilisation. "L'effet de court terme, c'est que des commerçants ont risqué de faire ou ont fait faillite, qu'il y a parfois eu du chômage partiel", a-t-elle assuré. Mais selon la ministre, le risque est surtout d'observer un "effet psychologique". "On ne pourra pas créer d'emploi s'il n'y a pas la confiance et pour avoir la confiance, il faut que le calme revienne", a estimé la Muriel Pénicaud, qui souhaiterait que l'on "parle de travail et pas des blacks blocs". 

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé que la réforme de l'assurance chômage serait présentée en juin. En l'absence d'accords sur le sujet par les partenaires sociaux, c'est en effet l'exécutif qui prendra les décisions par décret. Et il s'apprête notamment à demander des efforts aux plus hauts revenus. "Tout le monde n'est pas égal devant le chômage. Pour les hauts revenus, on est au plein emploi, il n'y a plus de chômage sauf pour les seniors. On est à 3,8% de taux de chômage", a expliqué Muriel Pénicaud. Pourtant, ces hauts revenus restent souvent longtemps sans emploi. "Quelqu'un qui gagnait 8.500 euros quand il travaillait a une indemnité de 5.000 euros. Mais plus l'indemnité est élevée et plus la durée [d'indemnisation] augmente. Pour ce cas précis, c'est 575 jours en moyenne", a rappelé la ministre. La preuve, selon elle, qu'il faut inciter plus fortement cette catégorie de travailleurs à "prendre ses responsabilités".