Loi Travail : une mobilisation plus forte que le 9 mars

Manifestation El Khomri loi travail
Les manifestants contre la loi Travail. © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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M.B. avec AFP , modifié à
Les manifestations contre la loi El Khomri ont rassemblé 390.000 manifestants en France selon la police. La CGT et FO font état d'1,2 million de manifestants.

La déchéance de nationalité à peine enterrée, le gouvernement a dû affronter jeudi une nouvelle épreuve : la troisième journée de mobilisation contre la loi Travail jugée "toxique" pour les salariés. Le débat parlementaire autour du texte, lui, commencera le 3 mai à l'Assemblée nationale.

Les infos à retenir :

  • Selon les autorités, près de 390.000 manifestants ont été recensés dans toute la France, jeudi. A Paris, la préfecture de police a dénombré entre 26.000 et 28.000 personnes.
  • Du côté des syndicats, la CGT et FO parle d'1,2 million de personnes. Ce chiffre est largement supérieur à celui annoncé par les syndicats le 9 mars, qui plafonnait à 500.000.
  • Plus d'une centaine d'interpellations ont eu lieu à Paris, Nantes, Lyon, Rennes ou encore Marseille. Treize membres des forces de l'ordre ont été blessés.

Une forte participation. Alors que la précédente mobilisation similaire, le 9 mars, avait réuni entre 200.000 et 500.000 personnes dans toute la France, les syndicats ont estimé que le mouvement s'était amplifié jeudi. Selon la CGT et FO en effet, 1,2 million de personnes ont battu le pavé dans 250 villes différentes. Les autorités, quant à elle, recensent près de 390.000 manifestants dans toute la France, jeudi. A Paris, le défilé a réuni entre 26.000 et 28.000 personnes, selon la préfecture de police, contre 27.000 à 29.000 au début du mois.

A la fin de la journée, la CGT a confirmé que des grèves et des manifestations seraient organisées de nouveau la semaine prochaine, les 5 et 9 avril, et ce "jusqu'au retrait" de la loi El Khomri. Invité sur Europe 1 jeudi, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, avait prévenu que la manifestation ne serait "pas un baroud d'honneur" mais augurait bien un "bras de fer" avec le gouvernement. 

Débordements et interpellations. Dès la fin de matinée, des échauffourées ont éclaté à Paris et en province. En tout, plus d'une centaine de personnes ont été interpellées, et treize policiers blessés. Dans la capitale, des scènes de violence entre des jeunes et des policiers ont été observées boulevard Diderot par un journaliste à Marianne. A Paris et en proche banlieue, une vingtaine de personnes ont été interpellées pour des jets de projectiles, selon la préfecture de police. Visage masqué, plusieurs militants ont en effet lancé des pierres, des pétards, de la peinture jaune ou des bâtons sur les forces de l'ordre. En outre, des abribus ont été cassés, des vitrines endommagées et du mobilier urbain arraché sur le passage des manifestants.

"Il s'agit d'individus gantés et cagoulés qui viennent se mêler aux manifestants", a-t-on précisé à la préfecture de police. "Des échauffourées ont notamment eu lieu au niveau du pont d'Austerlitz", a-ton ajouté.

Trois policiers ont été blessés et deux personnes interpellées à Marseille. A Rennes, l'AFP a constaté au moins cinq arrestations alors que plusieurs dizaines de jeunes ont lancé des pierres ou des bouteilles en verre sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. A Lyon, vingt personnes ont été interpellées en fin de manifestation.Les forces de l'ordre ont actionné à de nombreuses reprises les canons à eau pour disperser les quelques dizaines de manifestants qui stationnaient encore sur la place. Du côté de Nantes, où six personnes ont été interpellées et trois policiers blessés, un journaliste de l'agence Reuters a rapporté des dégradations commises sur la mairie de la ville de Loire-Atlantique, avec notamment des carreaux cassés. Des agences bancaires ont également été prises pour cible. Selon France Bleu Loire-Océan, les auteurs des faits seraient des casseurs, qui se sont attirés les foudres des manifestants.

Dans ce contexte tendu, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a appelé "tout le monde au calme". "Il y a un droit à manifester. Mais il ne faut pas donner l'occasion à certains de casser ou d'avoir des actes de violence", a t-il déclaré depuis Matignon.

Fonction publique, commerce et presse mobilisés... Le mouvement a ratissé large : des préavis de grève avaient été déposés à la RATP, SNCF, EDF, Air France, Total, dans le contrôle aérien et plus généralement dans la fonction publique, le commerce, la presse, les ports et docks et les casinos. Plus de 200 défilés, manifestations et rassemblements sont prévus un peu partout en France, selon le décompte de la CGT. 

Selon le ministère de l'Education nationale, 176 lycées ont été bloqués, totalement ou partiellement, jeudi matin. En fin de matinée "un retour à la normale était constaté dans la plupart" des établissement, a ajouté la rue de Grenelle.