Le FMI table sur une récession en France

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Sophie Amsili , modifié à
L'institut prévoit un repli du PIB en 2013. Bercy maintient ses prévisions.

Dans le rouge. Encore une nouvelle peu réjouissante pour l'économie française : après une croissance nulle en 2012, la France devrait traverser cette année une récession. C'est la sombre prévision dévoilée mardi par le Fonds monétaire international (FMI) dans ses perspectives mondiales de croissance. Le PIB français devrait ainsi se replier cette année de 0,1% selon l'institut de Washington qui tablait jusqu'à présent sur une croissance de 0,1%. L'activité en France ne devrait repartir qu'en 2014 avec une croissance de 0,9% selon le FMI. Le gouvernement français table pour sa part sur une croissance de 0,1% du PIB en 2013 et de 1,2% en 2014, en ligne avec la Commission européenne.

Dans l'ensemble de la zone euro, c'est la même tendance, plus marquée, qui devrait être à l'œuvre avec un recul de 0,3% du PIB en 2013 suivi d'une croissance de 1,1% l'année prochaine.

Gare à la "lassitude face à l'austérité". Les mesures pour réduire le déficit budget doivent être mises en œuvre, insiste le FMI qui met en garde contre toute "lassitude face à l'austérité" ("adjustment fatigue"). Pour l'institut, la mise en place d'une union bancaire est une priorité. "Si les responsables de la zone euro mettaient rapidement en place une union bancaire, et si les réformes structurelles déjà en place permettaient de dégager plus de croissance que prévu, l'activité économique pourrait rebondir à 2-2,5%", assure le FMI sans préciser l'échéance.

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Déjà une voix discordante. Mais déjà ce matin, le Haut conseil des finances publiques a fait entendre une voix discordante. Cette institution indépendante présidée par Didier Migaud, le premier président de la Cour des Comptes et officiellement installée le 21 mars, a rendu son premier avis sur le "programme de stabilité" révisé pour la période 2013-2017. Verdict : le gouvernement pêche par optimisme. "Le scénario pour les années 2013 et 2014 est entouré d'un certain nombre d'aléas qui, dans leur ensemble, font peser un risque à la baisse sur les prévisions", écrivent les sages. La situation dans la zone euro, la reprise incertaine des exportations et les effets du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) qui "gagneraient à être davantage documentés" sont autant d'incertitudes qui pourraient peser sur la croissance. Tout comme la consommation des ménages : pour le Haut conseil des finances, celle-ci pourrait ne pas être soutenue par une baisse de l'épargne comme le prévoit le gouvernement.

Bercy, de son côté, tient bon. "Tout en reconnaissant l'existence de facteurs qui jouent à la hausse comme à la baisse, Pierre Moscovici confirme les prévisions de croissance (du Produit intérieur brut) du gouvernement, qui s'établissent à 0,1% en 2013, 1,2% en 2014 et 2% par an entre 2015 et 2017", assure le ministère de l'Economie dans un communiqué. Le "programme de stabilité" doit être présenté mercredi en Conseil des ministres et fin avril à la Commission européenne.

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