Le chômage peut-il diminuer en 2013 ?

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Thomas Morel , modifié à
DECRYPTAGE - François Hollande assure que le chômage baisserait cette année. Possible ?
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Le contexte. François Hollande dit y croire dur comme fer : oui, la montée du chômage peut être endiguée avant la fin de l'année. Mardi soir, quelques heures après la publication du nombre de demandeurs d'emploi à fin février (en hausse de 0,6 %), le chef de l'Etat l'a encore réaffirmé : "c'est une volonté, un objectif et je m'y tiendrai avec des mesures que nous avons prises tout au long des derniers mois et qui vont connaître leur effet". Mais pour beaucoup d'observateurs, l'inversion de la courbe du chômage cette année est peu probable. Pour ne pas dire impossible.

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Un nombre de chômeurs qui grimpe, grimpe, grimpe… Premier élément de l'équation : la hausse du chômage. Eric Heyer, économiste à l'OFCE interrogé par Europe1.fr, explique : "En France, avec 0 % de croissance, on crée 100.000 chômeurs de plus en une année. A quoi s'ajoutent, dans le même temps, 150.000 entrants supplémentaires sur le marché du travail." En clair, si rien n'est fait, ce sont cette année un total de 280.000 nouveaux demandeurs d'emplois qui feront leur apparition.

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La croissance est aux abonnés absents. En temps normal, le meilleur moyen de créer de l'emploi, c'est donc la croissance : quand l'activité redémarre, les entreprises embauchent. Pour que cela marche, cependant, il faut un minimum de 1 % de hausse du PIB. Or, de l'avis de tout le monde, ce chiffre semble impossible à atteindre cette année. "Il n'y aura pas de fort rebond de l'activité en 2013. L'an dernier, on a fait 0 % de croissance avec une austérité moins forte que celle qui est prévue cette année. Il n'y a pas de raison qu'on fasse mieux cette année", estime ainsi Eric Heyer.

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Les emplois aidés, la bouée de secours. Dans ces conditions, le gouvernement compte beaucoup sur les emplois aidés pour endiguer le chômage. Depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande, plusieurs mécanismes ont été créés : contrats d'avenir, contrats de génération et, dans une moindre mesure, le crédit d'impôt compétitivité emploi. Seul problème, le gouvernement en espère 150.000 au maximum. Et encore, pour la plupart des économistes, leur nombre devrait difficilement dépasser les 100.000.

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Une astuce comptable pour noël ? Pour inverser (au moins temporairement) la courbe du chômage, la majorité a toutefois une possibilité : comptabiliser un maximum de contrats aidés en fin d'année. S'ils sont enregistrés sur une période réduite de trois ou quatre mois au lieu d'être étalés sur l'ensemble de 2013, ils pourraient donner l'impression que le nombre de demandeurs d'emploi diminue. Un effet temporaire, toutefois, puisqu'une fois ce flot passé, le chômage continuerait d'augmenter.

Cette méthode présente un autre atout pour le gouvernement : en enregistrant les contrats aidés en fin d'année, leur coût est mathématiquement reporté sur l'année suivante, ce qui permet de ne pas enfoncer encore plus les finances publiques cette année.