"L’autopartage est le prolongement naturel de la location", affirme la PDG d’Europcar Mobility Group

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Europcar convoite le marché vacant d'Autolib' à Paris. © LOIC VENANCE / AFP
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avec Emmanuel Duteil , modifié à
Leader de la location de voitures, Europcar Mobility Group mise désormais gros sur l’autopartage, comme l’explique sur Europe 1 la présidente du groupe Caroline Parot.
INTERVIEW

De la location au partage. Loueur de voitures numéro un en Europe, Europcar s’adapte à l’époque et donne désormais dans les voitures et les scooters partagés. "La nouvelle mobilité, en l’occurrence l’autopartage est une extension naturelle de la location. Louer une voiture c’est déjà une forme d’autopartage", explique Caroline Parot, présidente d’Europcar Mobility Group, le nouveau nom d’Europcar, leader de la location de voiture en Europe, invitée de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, mardi sur Europe 1.

Appui sur la start-up Ubeeqo. À l’heure d’Autolib’, du covoiturage et des voitures partagées, louer un véhicule semble déjà être une activité d’un autre temps. "Louer des voitures, ce n’est pas has been. C’est le métier historique sur lequel on a développé un savoir-faire. La nouvelle mobilité, en l’occurrence l’autopartage est une extension naturelle de ce métier", défend Caroline Parot. "Louer une voiture c’est finalement une forme d’autopartage, mais vous êtes propriétaire de la voiture plusieurs jours. Et inversement, l’autopartage consiste à louer une voiture pour quelques heures seulement."

Si Europcar s’est lancé dans l’autopartage, c’est aussi parce que toutes les start-ups du secteur sont venues concurrencer son activité de location. Pour ne pas se laisser distancer, le groupe a donc acheté l’un de ces nouveaux acteurs, en l’occurrence le Français Ubeeqo, en 2015. "Nous sommes arrivés naturellement dans l’autopartage mais, dans l’exécution, ces petits acteurs, comme Ubeeqo, sont essentiels, pour nous, pour accélérer", souligne Caroline Parot. "Un groupe comme Europcar, plus historique, n’avait pas forcément une vision très digitale. Ubeeqo apporte un nouveau service à nos clients alors que nous-mêmes n’étions pas assez digitaux", ajoute la présidente d’Europcar Mobility Group.

Des vues sur le marché d’Autolib’. Le dossier le plus brûlant de l’autopartage actuellement est sans aucun doute le vide laissé par Autolib’, le service parisien de voitures en libre-service, abandonné cet été. Un marché qu’Europcar convoite. "On est déjà là ! Depuis le début de l’année, à Paris, nous avons 20% de clients en plus chaque mois qui se servent de la solution d’Ubeeqo", avance Caroline Parot. Le principe est simple : "Vous vous inscrivez sur votre mobile, vous réservez une voiture qui se trouve dans des parkings à moins de 500 mètres de chez vous - il n’y a pas de station -, vous la louez X heures puis vous la ramenez et à la fin du mois vous avez une facture". Europcar entend bien accélérer et "doubler d’ici à la fin de l’année, l’offre de voitures, qui s’élève à plus de 300 actuellement".

Entendu sur europe1 :
L'objectif : faire disparaître progressivement la propriété de la voiture

Digitaliser la location de voitures. Reste que, si l’autopartage représente une part croissante de l’activité d’Europcar, 40% du chiffre d’affaires du groupe est encore réalisé dans les agences des aéroports. Un cœur d’activité qui est également l’objet d’une attention particulière. "Grâce à Ubeeqo, nous avons complètement revu notre parcours client. Nous travaillons sur un système entièrement digital qui permettra de réserver votre voiture depuis le tarmac de l’aéroport sur votre téléphone et d’aller la chercher directement sur le parking, sans passer par la boutique", explique Caroline Parot.

Résultat, "à partir de 2020, Europcar Mobility Group sera totalement digital" sur la location en aéroport, annonce la présidente du groupe français. "Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus d’agences ni de comptoirs, il y a toujours des clients qui aiment avoir quelqu’un à qui s’adresser. Il faut simplement s’adapter à toutes les demandes. Mais tout sera simplifié", tempère-t-elle immédiatement.

Complémentarité avec les constructeurs. Pas inquiété par les start-ups, le spécialiste de la mobilité serait-il alors menacé par les constructeurs de voitures eux-mêmes : Daimler est devenu actionnaire majoritaire de Chauffeur Privé, Renault arrive dans l’autopartage à Paris, PSA est à fond dans la mobilité, Toyota investit également beaucoup. "Ce ne sont pas nos concurrents. Construire une voiture et proposer les services qui vont autour sont deux activités différentes", élude Caroline Parot. "Cela n’empêche pas, en revanche, d’établir des partenariats pour mieux distribuer, avec eux, certaines catégories de voitures. Tout ça, ce sont des offres complémentaires qui aboutissent à un point essentiel : faire disparaître progressivement la propriété de la voiture".