L'Assemblée vote le financement des opérations extérieures par les seules Armées

Des députés LR, LFI, UDI-Agir et d'extrême droite avaient déposé des amendements pour rétablir le principe du financement interministériel des opérations extérieures.
Des députés LR, LFI, UDI-Agir et d'extrême droite avaient déposé des amendements pour rétablir le principe du financement interministériel des opérations extérieures. © GERARD JULIEN / AFP
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avec AFP , modifié à
L'Assemblée a voté lundi soir l'article du projet de loi de finances rectificative qui prévoit le financement par le seul ministère des Armées des opérations extérieures en 2018.

L'Assemblée nationale a voté lundi soir le financement par le seul ministère des Armées des opérations extérieures en 2018, malgré des critiques jusqu'au sein de la majorité. 

La crainte de voir le budget effectif des Armées diminué. "Des engagements ont été pris, repris" il y a moins de six mois et ne sont pas respectés, ont aussi contesté Les Républicains, tandis que Les Insoumis s'inquiétaient que "de fil en aiguille, c'est la totalité des hausses du budget des Armées qui sera engloutie ainsi".

D'un financement interministériel au financement du seul ministère des Armées. Selon l'article du projet de loi de finances rectificative (PLFR) adopté en première lecture, le ministère des Armées devra payer seul l'ensemble des opérations extérieures et missions intérieures (Opex et Sentinelle) cette année, estimées à 1,37 milliard d'euros. Or, le ministère avait à l'origine provisionné 750 millions d'euros pour financer cette dépense en 2018, le reste de la facture ("surcoûts Opex") étant jusqu'ici partagé entre l'ensemble des ministères au nom de la contribution nationale à l'effort de défense, comme le prévoit la loi de programmation militaire 2014-2019.

Au bout du compte, les Armées devront financer les opérations à hauteur de 404 millions d'euros supplémentaires cette année. Quelque 319 millions d'euros seront pris sur le budget d'équipement des forces.

Des amendements de tous les bords pour rétablir le financement interministériel. Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a défendu "un budget sincère" qui "respecte la loi de programmation militaire", sans convaincre. Des amendements pour rétablir le financement interministériel des surcoûts Opex avaient été déposés par LR, LFI, UDI-Agir et extrême droite.

"Les enjeux sont moraux et politiques", a fait valoir François Cornut-Gentille (LR), rapporteur spécial des crédits défense, affirmant qu'"il y a un consensus" sur le financement interministériel et "une seule opposition, à Bercy". "C'est le côté opérationnel des forces françaises qui est diminué", a aussi déploré Philippe Vigier (Libertés et territoires).

Des dépenses qui rogneront sur d'autres investissements. L'exécutif s'est engagé à augmenter chaque année le budget des armées, dès 2018, pour y consacrer 2% du PIB d'ici à 2025. Dans son rapport sur le PLFR, Joël Giraud (LREM) souligne que les annulations de crédits pour l'équipement des forces "donneront lieu à un report des commandes prévues sur le prochain exercice". Le rapporteur général relève aussi que seront utilisés pour le surcoût Opex, à hauteur de 155 millions, des crédits non utilisés pour des dépenses de personnel en raison de "problématiques de fidélisation et d'attractivité des métiers du ministère".

Florence Parly soutient la loi de programmation militaire. Dans une tribune publiée sur lefigaro.fr, la ministre des Armées Florence Parly juge que "nos Armées méritent les moyens à la hauteur de leur engagement exceptionnel que leur donne la loi de programmation militaire, pas des contre-vérités anxiogènes".