L'arrestation de Carlos Ghosn choque à l'usine de Flins : "C'est tout un système qui est complètement pourri"

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Rémi Bostsarron, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Après l'arrestation du patron de Renault lundi au Japon, les salariés de l'usine de Flins en région parisienne ne cachent pas leur déception. "C'est juste dégueulasse", confie Wilfried, tout en soulignant ce qu'a apporté Carlos Ghosn au groupe.

C'est une nouvelle qui a eu l'effet d'une bombe. Le patron de Renault, Carlos Ghosn, a été arrêté lundi au Japon. Il est suspecté d'avoir dissimulé une partie de son salaire au fisc, selon des médias japonais. Il aurait sous-évalué sa rémunération de cinq milliard de yens, soit près de 40 millions d'euros, depuis 2011. Alors que sous sa direction, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est devenue en début d'année le premier constructeur automobile mondial, cette arrestation et ces soupçons ont eu des conséquences en Bourse, où l'action du groupe a plongé lundi, dans la journée.

Carlos Ghosn, la dégringolade du patron de Renault :

"Il y a de l'abus. C'est inacceptable." Les employés, eux aussi, sont profondément affectés. Notamment à l'usine de carrosserie de Flins, en région parisienne, où la stupéfaction a laissé place à la déception. Un sentiment de malaise, de mal au cœur, voilà ce qui ressort chez tous les salariés à la sortie de l'usine. Face aux sommes qui auraient été dissimulées au fisc par Carlos Ghosn, Cyril ne peut s'empêcher de penser à la situation précaire de beaucoup d'entre eux.

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"On fait des efforts de notre côté en permanence. Toujours plus de travail avec moins de monde. Après, ce que l'on voit qui est fait sur les primes d'intéressement, qui diminuent et diminuent et on s'aperçoit que lui, il encaisse mais il ne le dit même pas. Il y a de l'abus. C'est inacceptable", lâche-t-il au micro d'Europe 1.

Entendu sur europe1 :
"Ce monsieur gagne 45.000 euros par jour, samedi et dimanche compris. Pendant ce temps-là, ici, il y a 2.500 précaires qui sont au smic

"Ce monsieur gagne 45.000 euros par jour, samedi et dimanche compris. 45.000 euros par jour ! Pendant ce temps-là, ici, il y a 2.500 précaires qui sont au smic, il y a des travailleurs qui ne sont pas augmentés depuis des années. Il a précarisé, les salaires sont bloqués. C'est tout cela qui est choquant. Gagner 45.000 euros par jour et en vouloir encore, c'est tout un système qui est complètement pourri. D'un côté, c'est les galères, les fins de mois difficiles. De l'autre, ils croulent sous l'argent. Ils en veulent encore plus !", s'emporte de son côté, Ali Kaya, secrétaire CGT de l'usine.

"Il a fait de sacrées choses pour Nissan" mais "c'est juste dégueulasse". Carlos Ghosn, c'est l'homme de l'accord de compétitivité, synonyme d'efforts supplémentaires pour les salariés du site ces dernières années, mais c'est aussi, pour beaucoup, un patron compétent, précieux pour l'entreprise. "Il a redressé la barre de Renault-Nissan. On est la preuve aussi qu'il a fait de sacrées choses pour Nissan. Mais ça n'empêche que ce qu'il fait actuellement, ce n'est pas correct. C'est juste dégueulasse", confie Wilfried avec déception.

Certains n'hésitent pas à faire un lien avec le mouvement des "gilets jaunes". L'expression d'un ras-le-bol, d'une injustice sociale, qui pourrait être nourrie aussi, selon eux, par ce genre d'affaires.