Lagarde, l’élégante dans un monde d’hommes

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Aurélie Frex , modifié à
PORTRAIT - La patronne du FMI a su s’imposer dans le monde des affaires, puis de la politique.

Christine Lagarde, première femme nommée à la tête du FMI, a su tirer son épingle du jeu dans des univers dominés par les hommes. Précédemment avocate et femme d’affaires, elle s’est très vite imposée comme une personnalité de premier plan dans les domaines économiques et politiques. Portrait d’une femme conquérante.

Capable d’enchaîner vols internationaux et réunions

Ancienne championne de natation synchronisée, Christine Lagarde est connue pour être capable d'enchaîner vols internationaux et réunions sans laisser paraître la fatigue. Un de ses autres atouts est de savoir réveiller des auditoires presque 100% masculins par des paroles évocatrices.

Elle aime ainsi rappeler ses "longues nuits Dexia" entourée d'hommes "en tout bien tout honneur" pour sauver la banque. Si Lehman Brothers s'était appelée Lehman Sisters, la banque n'aurait peut-être pas fait faillite, suggère souvent Christine Lagarde, qui apprécie que les femmes, dans les affaires, "injectent moins de libido et de testostérone" que les hommes.

Invitée du journal télévisé de TF1 mardi, Christine Lagarde a affirmé que sa nomination au FMI était une victoire pour les femmes. "Je me suis dit que c’était bien que les choses changent un peu", estime-t-elle.

Entrée en politique à 50 ans

Née le 1er janvier 1956 à Paris de parents enseignants, Christine Lagarde est diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris, titulaire d'un diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) de droit social et d'une maîtrise d'anglais.

Elle est également diplômée de la Holton Arms School de Bethesda, dans l'Etat américain du Maryland, dont la devise "inveniam viam aut faciam" attribuée à Hannibal est parfois traduite par "je trouverai le chemin ou je le percerai".

Elle entame ensuite une brillante carrière au sein du cabinet d'avocats américains Baker & McKenzie. En 2005, cette mère de deux enfants quitte Chicago pour entrer dans le gouvernement de Dominique de Villepin en 2005 comme ministre déléguée au Commerce extérieur. Elle devient ensuite ministre de l’Agriculture et de la pêche en 2007, avant d’occuper la place de ministre de l’Economie et des Finances.

Un rayonnement international

En peu de temps, l'élégante avocate devient la responsable française favorite des médias internationaux, brillant sur la scène mondiale plus facilement qu'en France. Outre la langue, Christine Lagarde partage avec les Américains un goût prononcé pour la libre entreprise.

Le magazine américain Forbes l'avait désignée 43e femme la plus puissante du monde. Le quotidien britannique Financial Times l'a pour sa part sacrée meilleur ministre des Finances européen en 2009.

"Tout va très bien, madame la marquise"

En France, son discours volontairement rassurant quand la crise a frappé a été critiqué, comme sa description d’une France s'en sortant mieux que les autres. Ces paroles jugées lénifiantes ont fait répéter à ses dépens par les députés de gauche la chanson "Tout va très bien Madame la marquise".

Peu portée sur la "politique politicienne", Christine Lagarde a aussi enchaîné quelques bourdes à ses débuts à Bercy, en promettant la "rigueur" aux Français, un mot tabou dans un pays qui accumule les déficits avec la régularité d'un métronome depuis 1975.
Face à la hausse de prix des carburants, elle avait conseillé la bicyclette, entraînant une comparaison moqueuse avec la reine Marie-Antoinette préconisant la brioche quand le pain manque. "J’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup servi, j’ai avalé beaucoup de couleuvres. Bien sûr, il y a eu des moments difficiles. Mais abandonner le pouvoir n’est pas dans ma nature, je suis une nageuse de compétition", a-t-elle confié sur le plateau de TF1 mardi, évoquant ses débuts dans la politique.

Principal bémol à ce succès, la menace d'une enquête pour "abus d'autorité" demandée contre elle par le procureur général de la Cour de cassation dans l'affaire Bernard Tapie, un homme d'affaires français qui a touché 285 millions d'euros pour compenser un manque à gagner présumé sur la revente d'Adidas. Sûre d’elle, Christine Lagarde, qui a engagé l'arbitrage contesté ayant abouti à ce paiement, déclare avoir la "conscience parfaitement tranquille".