La SNCF veut vous faire lever plus tard

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Mélanie Taravant et Sophie Amsili , modifié à
La compagnie teste un report de l'heure de départ de 5% des voyageurs pour diminuer les incidents.

L'idée. Chaque matin et chaque soir, aux mêmes heures, la foule s'entasse dans les rames de train. Le taux d'occupation peut alors atteindre… 200 %. Pour améliorer la situation, la SNCF a réalisé des projections et constaté qu'en réduisant de seulement 5 % le nombre de voyageurs pendant un pic, le nombre d'incidents et de retards diminuait de manière significative.

"On a intérêt à ce que les voyageurs qui utilisent les trains entre 8 heures et 9 heures les empruntent davantage à partir de 9h30", précise Bénédicte Tilloy, directrice générale de SNCF Transilien, au micro d'Europe 1. L'idée a été testée avec succès à Rennes auprès des étudiants. La fac a accepté de décaler de 15 minutes le début des cours. Le résultat a été immédiat : il a suffit que 5 % des 8.000 étudiants qui prennent le métro chaque matin reportent d'une dizaine de minutes leur départ pour que les rames ne soient plus bondées à 8 heures.

Convaincre des entreprises réticentes. La compagnie ferroviaire s'est donc lancée dans une vaste entreprise : convaincre les employeurs de décaler légèrement les heures d'arrivée au travail de leurs salariés. "Il faut que les entreprises leur donnent l'opportunité d'avoir des horaires à la carte", poursuit Bénédicte Tilloy. Pour récompenser les employeurs qui feraient un tel effort, la SNCF pourrait diminuer le versement transports, une taxe que les entreprises sont contraintes d'acquitter pour financer les réseaux de transports en commun.

Mais la négociation avec le Medef s'annonce ardue. Le syndicat des patrons pointe les difficultés entraînées que cet aménagement des horaires : "on repousse la charge des départs plus tard le soir. Or, on sait que les salariés veulent rentrer chez eux et sont déjà fatigués", regrette Jérôme Dubus, délégué général du Medef Île-de-France, interrogé par Europe 1. Deuxième problème : "cela impose à l'entreprise un contrôle extrêmement précis des horaires effectués qui n'est pas simple."

En même temps, un vaste plan de modernisation. D'autant que certains posent la question : est-ce aux entreprises de modifier leur organisation pour pallier les difficultés de la SNCF ? En fait, Réseau ferré de France (RFF) et le Syndicat des transports d'Ile-de-France ont lancé en même temps un vaste plan de modernisation du réseau. Les investissements ont même triplé pour atteindre plus d'un milliard d'euros par an. Objectif : rénover les voies et avoir remplacé d'ici trois toutes les rames des transports franciliens par du matériel flambant neuf.