La présidente Lagarde tacle la ministre Lagarde

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avec agences , modifié à
La directrice du FMI invite le gouvernement qu’elle vient de quitter à réduire davantage le déficit.

Satisfaisant mais doit mieux faire. Telle est l’appréciation qu’a donnée le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport annuel sur l'économie française publié mercredi. Tout en saluant les engagements de réduction du déficit public annoncés par la France, le FMI estime qu'elle devra faire des efforts supplémentaires pour les respecter.

"Des progrès sont réalisés dans la consolidation budgétaire mais des efforts supplémentaires peuvent être nécessaires pour atteindre les objectifs pour 2012-13", précise l’organisation présidée par Christine Lagarde, qui, ironie de l’histoire, dresse ainsi son propre bilan.

Idéaliste de ne compter que sur la croissance

La France s'est engagée à ramener son déficit de 7,1% du produit intérieur brut (PIB) en 2010 à 3% en 2013. Mais pour cela, le gouvernement table surtout sur une variable : l'accélération de la croissance, qui passerait selon Bercy de 2% en 2011, à 2,25% en 2012 puis 2,5% les années suivantes.

Or, les pronostics du FMI sont moins optimistes : si tout va bien, la croissance devrait stagner autour de 2%. Des prévisions qui pourraient bien être par ailleurs chamboulées par la crise de la zone euro. Le FMI craint donc que "le déficit ne recule plus lentement qu'envisagé" et demande "des mesures supplémentaires". D'autant que la note de la France est en jeu, le fameux AAA synonyme d'emprunts aux meilleurs taux.

Parmi les pistes proposées pour ne pas compter sur la seule croissance, le FMI conseille à la France de limiter la TVA à taux réduit. On pense évidemment à la TVA à 5,5 % obtenue aux forceps par la restauration et que Nicolas Sarkozy a encore promis mardi de ne pas toucher.

Le gouvernement voit le verre à moitié plein

Son prédécesseur, François Baroin, a d’ailleurs pris les devants mercredi matin et réagi avant même la publication du rapport du FMI. Le ministre de l'Economie "s’est félicité" du rapport "qui salue la politique économique de la France".

Il a mis l'accent sur le passage qui "rappelle l'importance d'adopter la règle d'or budgétaire", un débat qui agite gouvernement et opposition. "Une règle budgétaire actuellement débattue (...) aiderait à donner un signal sans équivoque de l'engagement des autorités à respecter la trajectoire d'ajustement", estime le FMI, reprenant un argument déjà évoqué mi-juin.