La première des mutuelles étudiantes sur la sellette

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avec AFP , modifié à
EN CRISE - A cours d’argent frais et décriée pour sa gestion, la Mutuelle des étudiants a été placée lundi sous sauvegarde de justice.

La Mutuelle des étudiants (LMDE) a beau être la première mutuelle étudiante avec 920.000 affiliés, elle n’en demeure pas moins un colosse aux pieds d’argile avec une dette qui avoisine désormais les 35 millions d’euros. La mutuelle a donc été placée lundi sous sauvegarde de justice par le tribunal de grande instance de Créteil. Objectif de la manœuvre : éviter une procédure de liquidation judiciaire, même si une cessation de paiement n’est pas à exclure.

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© PHILIPPE HUGUEN/AFP

C’est quoi la LMDE ? La LMDE est l’une des onze mutuelles étudiantes qui opèrent en France. Ces dernières remplissent une double fonction : elles ont office de mutuelle mais gèrent aussi la Sécurité sociale des étudiants. Chargée d’une mission de service public, les mutuelles étudiantes ont donc un rôle stratégique : c’est par leur intermédiaire que les étudiants s'inscrivent à la Sécurité sociale et ont accès au remboursement de base. Ces derniers peuvent, ensuite, y souscrire une complémentaire santé. 

Comment la mutuelle en est-elle arrivée là ? Salariés et gestionnaires estiment que la LMDE n’a pas disposé de fonds propres suffisants dès sa création en 2000 : à leurs yeux, faute d’argent, la LMDE était condamnée à accumuler les dettes. Mais ce manque de financement initial n’explique pas tout, la LMDE ayant été brocardée pour sa gestion à de nombreuses reprises.

En 2012, l’UFC Que Choisir pointait de sérieuses lacunes : tarifs plus élevés que la moyenne, délais de remboursement de plus en plus longs, cartes vitales adressées tardivement, etc.  La même année, un rapport du Sénat enfonçait le clou en dénonçant un manque de transparence, des frais de gestion excessifs et une qualité de service insuffisante. Un constat corroboré par la Cour des comptes, qui publiait en 2013 un rapport au vitriol sur les mutuelles étudiantes, dont la LMDE. Pas vraiment une surprise pour un organisme né sur les cendres de la MNEF, qui finança des emplois fictifs au profit de membres du Parti socialiste et du syndicat étudiant Unef.

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Six mois pour rebondir. Mal gérée, la LMDE a donc accumulé une dette de 35 millions d'euros, dont 5 millions d'euros uniquement pour les remboursements de frais de santé des étudiants). Pour éviter une liquidation judiciaire, la justice a donc nommé lundi une administratrice provisoire, Anne-Marie Cozien, afin de redresser la situation.

"Il faut maintenant trouver un repreneur sérieux, qui propose des produits qui fassent gagner de l'argent à la LMDE" et "arrêter avec ce modèle mortifère", a-t-elle annoncé. "On a six mois pour présenter un plan et le faire voter lors d'une assemblée générale, dans l'idéal en juin", à l'issue de laquelle une "nouvelle gouvernance étudiante" devrait être mise en place. A défaut, la mutuelle devra s'appuyer sur ses fonds propres pour assurer le paiement des créances, de quoi tenir jusqu'à la prochaine rentrée universitaire mais pas au-delà.

La LMDE tient néanmoins à rassurer ses adhérents. Pendant cette procédure, "il n'y a aucun risque que les étudiants ne soient pas remboursés en amont et encore moins en aval de la décision de justice", a-t-elle précisé, voulant rassurer des étudiants, qui affluent dans les locaux de leur mutuelle depuis quelques semaines.