La gestion des 35 heures, futur chantier de la SNCF

© IGUEL MEDINA/AFP
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Entreprises de transport ferroviaire et syndicat doivent entamer en janvier un nouveau cycle de négociations. 

Les prochains mois s’annoncent chargés du côté de la SNCF. La compagnie ferroviaire doit négocier d’ici l’été 2016 une nouvelle organisation du temps de travail et la direction a toujours été claire : elle souhaite améliorer la productivité de ses employés. Un discours qu’a une nouvelle fois tenu Guillaume Pepy dimanche, montrant sa volonté de mener ce projet à bien. Sauf que les organisations syndicales ne l’entendent pas de la même oreille.

Ce qu’a déclaré Guillaume Pepy. La SNCF doit "se réinventer", "faire tomber un certain nombre de tabous et, parmi ces tabous, il y a le fait que l'organisation du travail serait figée, qu'on ne pourrait pas réformer la SNCF", a déclaré le PDG de la SNCF, dimanche lors du "Grand Jury" RTL-Le Figaro-LCI. Et ce dernier d’ajouter : "nous avons à renégocier à la SNCF la façon de faire les 35 heures pour que nos 35 heures soient plus efficaces. Plus efficaces dans l'intérêt des clients, pour avoir des trains plus à l'heure, plus fiables, moins chers. Il n'y a pas d'autre stratégie possible que de faire baisser les coûts".

L’ouverture à la concurrence redistribue les cartes. Si Guillaume Pepy a décidé de remettre ce sujet très sensible sur la table, c’est parce que la loi l’y oblige. L’ouverture du rail à la concurrence a déjà commencé dans le fret et devrait se poursuivre dès 2020 dans le transport de voyageurs. Il existe donc déjà des cheminots qui ne travaillent pas pour la SNCF, ce qui oblige à définir un cadre social pour ces travailleurs et tous ceux qui rejoindront les concurrents de la SNCF.

Employeurs et syndicats du secteur négocient donc actuellement une convention collective du rail, un texte qui oblige la SNCF à revoir sa propre organisation du temps de travail. Un accord doit être trouvé d’ici le 1er juillet 2016 mais les négociations ont déjà commencé il y a plusieurs semaines, tant le sujet est sensible. Car les organisations syndicales proposent que cette convention s’aligne sur les standards en vigueur à la SNCF, une hypothèse inenvisageable pour les entreprises privées.

La SNCF veut rendre ses cheminots plus productifs. Estimant que ses futurs concurrents vont, comme cela s’est passé à l’étranger, tirer les prix vers le bas, la SNCF estime donc qu’il faut revoir son organisation du temps de travail pour que les cheminots soient plus efficaces. Il n’est pas question de revenir sur les 35 heures, mais de faire en sorte que ces 35 heures soient pleinement travaillées en fonction des besoins. Car la gestion du temps de travail au sein de la SNCF fait l’objet d’un texte d’une cinquantaine de pages que la direction juge trop détaillée et pas assez flexibles : le RH0077.

En voulant renégocier ce document, l’objectif est bien évidemment de rendre les cheminots plus productifs. Interrogé sur l’écart de productivité avec la concurrence, Guillaume Pepy a refusé de répondre, déclarant : "je crois au dialogue social et le dialogue social, ça se fait aussi par le respect, donc je ne lance pas d'anathème en donnant des chiffres ou lançant des ultimatums" aux syndicats.

Mais le quotidien Le Monde a trouvé plus de détails dans une note d’étude de l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) : "il faut en moyenne 30% de personnels de moins au privé pour offrir le même service de fret que la SNCF. De même, pour offrir le même service de transport de passagers, les sociétés privées auraient besoin de moins de personnel que la SNCF, la différence se situant entre 15% et 18%". Un argument chiffré que refuse d’invoquer pour l’instant la direction de la SNCF, d’autant que cette méthode n’a pas porté ses fruits chez Air France, confronté aux mêmes problématiques.