La France va devoir réduire son déficit plus vite qu’elle l’espérait

© DANIEL ROLAND/AFP
  • Copié
, modifié à
PRESSION - La France a obtenu deux années supplémentaires pour réduire son déficit mais ne doit pas ne profiter pour repousser les échéances.

Ce n’est pas parce que la France a de nouveau obtenu un nouveau délai pour réduire son déficit qu’elle doit temporiser. Tel est le message qu’a adressé vendredi la Commission européenne au gouvernement français, sommé de préciser ses intentions budgétaires pour repasser sous la barre des 3% de déficit. Et pour que les choses soient claires, Bruxelles a dévoilé de nouveaux objectifs chiffrés pour chaque année.

La France et son déficit, une longue histoire. Pour éviter un dérapage comme l’a connu la Grèce, les pays de la zone euro sont censés respecter des règles de bonne gouvernance, baptisées Pacte de stabilité. Un code de bonne conduite qui stipule que le déficit public d’un Etat ne doit pas dépasser les 3% du PIB. Une règle que peu de pays ont respecté jusqu’au naufrage grec, ce qui a conduit l’Europe à se montrer plus vigilante.

Après une explosion du déficit tolérée pour gérer les conséquences de la crise financière de 2008, Paris était censé repasser sous les 3% en 2013. Puis ce fut 2015, François Hollande ayant négocié un nouveau délai. Mais la France n’arrivant pas à tenir ses engagements, Bruxelles a donc fixé mercredi une nouvelle échéance, censée être la dernière avant des sanctions financières : 2017.

Bruxelles fixe un calendrier très précis. Comme la France, tous gouvernements confondus, ne s’est pas montrée exemplaire sur ce dossier, Bruxelles a décidé de lui laisser le moins de marge d’interprétation et a fixé vendredi des objectifs chiffrés pour chaque année d’ici 2017.

Des objectifs de réduction du déficit plus ambitieux que ceux du gouvernement, qui va donc devoir se montrer plus économe qu’il ne l’espérait, comme le montre cette comparaison entre les objectifs initiaux du gouvernement et ceux fixés par Bruxelles :

Paris relève le défi d’une trajectoire "exigeante" et "réaliste". La France est "en capacité" de respecter cette trajectoire "exigeante" et "réaliste", a immédiatement réagi le ministre des Finances, Michel Sapin. Mais pourquoi Bruxelles a-t-il cru nécessaire de presser Paris ? Parce que la Commission européenne a commencé à regarder les prévisions du gouvernement pour 2015 et estime que le compte n’y est déjà pas.

Normalement, la France est censée faire cette année un effort structurel de 0,5 point de PIB, mais d’après les calculs de Bruxelles, le plan du gouvernement ne permettrait qu’une réduction de 0,3 point de PIB. Il manque donc 0,2 point, soit l'équivalent de 4 milliards d'euros, loin d'être un détail. Ce mauvais départ n’augure rien de bon et a donc poussé la Commission européenne à sortir de son silence et à fixer un calendrier très précis.

Le gouvernement va devoir plancher sur de nouvelles mesures d’économies, comme le reconnaissait jeudi Michel Sapin, tout en précisant que cela ne passera pas par une hausse de la fiscalité. 

>> LIRE AUSSI - 2015 sera-t-elle meilleure que 2014 ?