"La France a la même chance de réussir que l'Allemagne"

Peter Hartz est présenté comme le père des réformes en Allemagne.
Peter Hartz est présenté comme le père des réformes en Allemagne. © Reuters
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INTERVIEW - Peter Hartz, présenté comme le "père" des réformes du marché du travail en Allemagne, était l'invité d'Europe1.

Précariser les emplois est-il aujourd’hui le seul moyen de faire baisser le chômage ? Pour répondre à la question, Europe1 a invité jeudi matin Peter Hartz, présenté comme le "père" des réformes du marché du travail en Allemagne.

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"Une économie qui veut croître a besoin à la fois d’emploi à temps complet, d’emplois à temps partiel et également de ces petits emplois, ce qui permet de relancer le marché du travail. Mais nous avons bien sûr besoin de mini jobs qui se transforment un jour ou l’autre en emploi à temps plein pour lesquels les salariés payent des cotisations sociales. Nous avons besoin de flexibilité", avance l'industriel en guise de réponse.

La nécessité d'une allocation chômage. En Allemagne, pourtant, la baisse du chômage est passée par un accroissement des inégalités sociales, avec un taux de pauvreté plus élevé qu'en France. Selon Peter Hartz, l'Etat doit accompagner les chômeurs et les travailleurs précaires pour que le système ne soit pas trop douloureux. "En Allemagne, nous avons maintenant un filet de sécurité avec le versement d’allocation chômage. Cela permet à chacun d’avoir un revenu qui lui permet de vivre", détaille-t-il.

Faut-il tuer les 35 heures ? Le débat sur les 35h ressurgit une nouvelle fois en France. Le ministre de l’Économie Emmanuel Macron a récemment expliqué aux députés qu'il ne fallait pas les mettre sur un piédestal. Et un rapport commandé conjointement par les gouvernements français et allemands, qui doit être remis jeudi, se penche aussi sur la réforme du temps de travail. "Je pense qu’un système rigide ne permet pas de résoudre le problème. Ce qu’il faut, c’est de la souplesse. Ce qui est important c’est de ne pas licencier", estime Peter Hartz. Selon lui, il ne s'agit pas de travailler plus de 35h par principe.

Le maître mot : souplesse. "Si vous avez du travail donné pour 40 heures par semaine, et bien vous donnez du travail pendant 40 heures. Si vous avez du travail pour 28 heures, vous demandez à vos salariés de travailler pendant 28 heures !", renchérit-il, reconnaissant également la nécessité d'un revenu minimum.

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Macron, Mélenchon et "les têtes bien faîtes". Selon l'industriel, la France peut mener à bien ses réformes. "Si la France décide d'agir, si le Président soutient ce projet, vous aurez la même chance de réussite que nous". La France dispose de "têtes bien faîtes", qui ont les idées. Reste à les mettre en pratique. Emmanuel Macron est-il l'homme de la situation ? "J'ai eu l'occasion de le rencontrer et j'ai été impressionné par sa détermination. Mais je pense que maintenant il faut mettre en œuvre toutes les bonnes idées qui ont été proposées", se contente-t-il de répondre.

Quant à ceux qui critiquent ses propres réformes menées en Allemagne, à l'instar de Jean-Luc Mélenchon ou de certains syndicats, Peter Hartz lâche un rire et ajoute : "je ne les connais pas. Mais que voulez-vous que je réponse quand on s’abaisse à ce niveau-là… !

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Le chômage existait-il déjà au Moyen Âge ?par Europe1fr