La crise du lait se propage à l'Espagne

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avec AFP , modifié à
AGRICULTURE - Des éleveurs laitiers ont mené lundi une opération coup de poing contre toutes les laiteries industrielles de Galice.

Il n'y a pas qu'en France que la fin des quotas laitiers provoque une chute des prix et met en péril les éleveurs. L'Espagne connaît depuis peu une fronde agricole qui s'est traduite lundi par un blocus de toutes les laiteries industrielles de Galice, principale région productrice de lait du pays. Les manifestants dénoncent une nouvelle fois des prix en-dessous de leurs coûts de revient.

Opération coup de poing en Galice. Toutes les laiteries de Galice, dans le nord-ouest du pays, ont été bloquées lundi : les agriculteurs ont empêché toute entrée ou sortie de camions, dont certains venus de France ou du Portugal. Les agriculteurs ont procédé parallèlement à "la distribution gratuite de lait dans différentes villes et villages de Galice", a précisé un porte-parole de la Fédération rurale de Galice (Fruga). Dans la commune de Frades, à une quarantaine de kilomètres au nord de Saint-Jacques de Compostelle, quinze exploitations ont déversé 130.000 litres de lait en signe de protestation.

Le choix de cibler une nouvelle fois la Galice ne doit rien au hasard : la région compte plus de 9.000 fermes et produit environ 6 millions de litres de lait par jour, soit 40% de la production nationale. La prochaine étape visera d'ailleurs une nouvelle fois la Galice, à partir de mardi : les éleveurs comptent bloquer les quatre centres de distribution de la région, a expliqué un porte-parole d'une autre organisation syndicale, Unions agrarias.

Une crise devenue européenne. Les éleveurs espagnols ne sont pas seuls à traverser une zone de sérieuses turbulences provoquée par la fin des quotas laitiers. Depuis, la production laitière a sensiblement augmenté tandis que la consommation stagne, provoquant une baisse des prix. Et l'embargo russe a un peu plus aggravé ce déséquilibre entre offre et demande. Résultat, le litre de lait se vend aux alentours de 29 centimes alors qu'il coûte de 35 à 50 centimes à produire. Si bien que seules les grandes exploitations tiennent le coup au prix d'une automatisation et d'un agrandissement des exploitations. Une course à l'industrialisation que ne peuvent - ou ne veulent - pas suivre tous les éleveurs.

Dans la plupart des pays européens, les mêmes causes produisent les mêmes effets. D'autres mouvement de grogne ont eu lieu en Italie ou encore au Portugal. Et jeudi dernier, de nombreux agriculteurs étaient montés à Bruxelles pour exprimer leur mécontentement et réclamer un plan d'aide.

Que proposent les pouvoirs publics ? Plusieurs types de réponses sont apportées. Pour faire face à l'urgence, la France et le Portugal ont annoncé des exemptions de cotisation sociales et des prêts pour les exploitations les plus en difficultés. En Espagne, on privilégie une piste également explorée par la France : réunir autour d'une table éleveurs, industrie agroalimentaire et grande distribution pour tenter de relever le prix payé aux producteurs. Quant à l'Union européenne, elle a promis de débloquer des fonds pour les Etats connaissant des difficultés et mis sur la table une solution qu'elle a elle-même utilisée à savoir le stockage d'une partie de la production pour faire remonter les cours. Mais elle propose cette fois-ci un stockage privé, ce qui suppose d'immobiliser des moyens financiers dont disposent rarement les éleveurs.