La colère des patrons prend de l'ampleur

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Anne-Laure Jumet et avec AFP , modifié à
Les chefs d'entreprise s'élèvent contre la taxation des dividendes et d'autres mesures prises par le gouvernement.

Entre les chefs d'entreprise et le Premier ministre Manuel Valls, c'est je t'aime moi non plus. Plusieurs organisations patronales, dont le Medef et la CGPME, ont dénoncé mercredi le projet de budget de la sécurité sociale, qui prévoit de taxer les dividendes versés par certaines sociétés à leurs actionnaires. Cette fronde des patrons est loin d'être isolée. En effet, les chefs d'entreprises s'élèvent mesures prises par le gouvernement de Manuel Valls, malgré son discours "pro-business".

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La taxation des dividendes. Pour les patrons de PME, la taxation des dividendes prévue dans le cadre du budget de la Sécurité sociale pourrait les amputer d'une part importante de leur rémunération. "Les dividendes représentent 20% de mes revenus, ca me permet d'investir éventuellement pour ma retraite, et en développement au sein de ma société.", explique  Yann Dormand, qui dirige une société d'impression de 15 salariés, Orly Graphic, au micro d'Europe1. "Avec cette taxe, on a plus envie d'investir pour faire bouger les choses."

Cette mesure, adoptée par l'Assemblée nationale, s'inscrit dans le cadre des 9,6 milliards d'euros d'économie prévus dans le projet de Loi de financement de la sécurité sociale. Pour calmer le jeu avec les patrons, le secrétaire d'état au budget, Christian Eckert, a publié un communiqué mercredi soir : "le gouvernement mettra à profit la suite de la discussion parlementaire pour poursuivre la concertation et revoir le dispositif, en cohérence avec sa volonté de favoriser le développement des entreprises". Mais le taxation des dividendes n'est pas le seul point de friction

L'obligation d'information des salariés. Autre mesure qui cristallise la colère des chefs d'entreprises : l'obligation d'information des salariés en cas de cession d'une société. Ce texte, dont le décret a été publié mercredi, oblige  les entreprises commerciales de moins de 250 salariés à avertir leur personnel, à partir du 1er novembre et au plus tard deux mois avant toute cession du fonds de commerce. L'objectif : permettre aux salariés des entreprises concernées de déposer un projet de reprise, comme le prévoit la loi sur l'économie sociale et solidaire entrée en vigueur fin juillet.

Si le gouvernement se félicite de ce droit accordé aux employés, les patrons sont loin de partager le même avis. "Ce n'est pas deux mois qu'il faut, ce sont deux années !" explique Jean-François Roubaud, président de la CGPME." Il faut former le salarié à la reprise, trouver le financement, avoir la confiance des banques. On ne fait pas tout ça en deux mois", ajoute-t-il. Mais plus que ces deux textes, le patronat dénonce l'écart entre le discours pro-entreprise du gouvernement et les mesures prises récemment.

La grogne monte sur les réseaux sociaux. Sur les réseaux sociaux, la grogne contre le gouvernement prend forme. Mercredi matin sur Twitter, on a vu fleurir le mot clé "crise de confiance". Stanislas de Bentzmann, le président de Croissance plus, à l'initiative de cette mobilisation virtuelle, dénonce les atteintes au "j'aime l'entreprise" de Manuel Valls : "On doit arrêter d'avoir des décisions qui tombent chaque semaine et qui fracassent le discours général".

Alors le gouvernement tente pour l'instant de calmer le jeu, mais timidement.  Il va lancer une mission parlementaire pour évaluer la mesure obligeant les entreprises à informer les salariés en cas de vente de leur société. Mais il n'est pas certain que cette annonce calme la fronde des patrons.