La BCE maintient ses prêts d'urgence, la Grèce en sursis

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Yanis Varoufakis et Alexis Tsipras. © LOUISA GOULIAMAKI / AFP
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avec AFP , modifié à
ECONOMIE - Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a décidé dimanche de maintenir ses prêts d'urgence aux banques grecques. L'objectif ? Éviter le contrôle des capitaux.

Un sursis, voilà ce que la BCE a accordé dimanche à la Grèce. Son Conseil des gouverneurs, réuni dimanche, a en effet décidé de maintenir son système de prêts d'urgence au secteur bancaire grec. Mais le contrôle des capitaux n'est cependant pas totalement écarté par Athènes, qui fait face à un "bank run", un retrait en masse des liquidités des banques par les particuliers. La Commission européenne, a, pour sa part, décidé dimanche de rendre publiques ces dernières propositions faites à la Grèce, qui seront, dimanche 5 juillet, soumise à référendum par Athènes à sa population. Face à cette situation tendue, le président français François Hollande a décidé de convoquer lundi matin un conseil restreint sur la Grèce.

Une décision contre toute attente. À l'issue d'une réunion d'urgence, la Banque centrale européenne (BCE) a indiqué dans un communiqué que "au vu des circonstances actuelles", elle maintenait "le plafond de fourniture de liquidités d'urgence aux banques grecques au niveau décidé vendredi". Les banquiers centraux ont pris au dépourvu les nombreux commentateurs qui s'attendaient à ce que la BCE coupe dès dimanche le robinet de ces prêts d'urgence ELA. Ils sont en effet soumis à certaines conditions et notamment celle de l'existence d'un plan d'aide. Or, ce dernier prendra fin mardi à minuit, après la décision de l'Eurogroupe samedi de ne pas le prolonger.

En défaut de paiement mardi ? La BCE fait ainsi le choix de laisser un sursis à la Grèce, déjà menacée par un défaut de paiement mardi. Sans accord avec ses créanciers - et l'espoir d'en trouver un est mince-, Athènes sera en effet dans l'incapacité de rembourser au FMI 1,6 milliard d'euros et le pays sera sans doute déclaré en défaut de paiement. Mais Christine Lagarde, présidente du FMI, a calmé le jeu en déclarant dimanche que si les Grecs répondaient par "un oui sans appel" au référendum du 5 juillet, les créanciers seraient prêts à faire une effort. Elle a aussi assuré que "la zone euro est en position de force" pour faire face à la situation.

En échange, un contrôle des capitaux ? Le geste de la BCE ne serait toutefois pas gratuit. Selon la presse, la BCE, qui se tient "prête à reconsidérer" sa décision à tout moment, n'aurait accepté de maintenir les financements ELA qu'en échange de la promesse d'Athènes de mettre en place lundi un contrôle des capitaux. Le filet de sécurité proposé par les Européens serait en effet insuffisant pour faire face à un mouvement de panique lundi. Interrogé par la presse dimanche avant la réunion du Conseil grec de stabilité systématique, le ministre hellène des Finances, Yanis Varoufakis, a cependant refusé de s'exprimer sur l'instauration par Athènes d'une telle mesure. 

Des banques prises d'assaut. Les banques grecques, elles, continuent à être prises d'assaut. Elles ont perdu 10% de leur épargne depuis décembre dernier. Et le rythme s'accélère. Les queues aux distributeurs ne font que se rallonger depuis l'annonce surprise par le Premier ministre, Alexis Tsipras, dans la nuit de vendredi à samedi d'un référendum le 5 juillet prochain sur les réformes proposées par ses créanciers. Dimanche, des guichets étaient déjà à sec. La panique gagne même l'étranger puisque l'Allemagne a conseillé dimanche à ses ressortissants qui se rendent en Grèce de "prévoir suffisamment d'argent liquide".