L'Italie fait trembler la zone euro

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Frédéric Frangeul , modifié à
La situation de l'économie italienne focalise les craintes des dirigeants européens.

L'Italie marche-t-elle sur les traces de la Grèce ? C'est la crainte des dirigeants européens qui ont demandé dimanche à Silvio Berlusconi de réagir au plus vite pour éviter une grave contagion de la crise à son pays. Car malgré l'adoption l’été dernier de mesures d'austérité draconiennes censées permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire dès 2013, l'Italie ne parvient pas à rassurer les marchés. Europe1.fr vous livre les clés pour comprendre la crise traversée par l’économie italienne.

Les faiblesses de l’économie italienne

L’endettement public est élevé depuis longtemps en Italie, pour atteindre aujourd’hui 1.900 milliards d’euros. Cette dette représente 121% du Produit intérieur brut de l’Italie. En conséquence, en raison de doutes sur sa solvabilité, l’Italie emprunte à des taux d’intérêts qui se montent aujourd’hui à 6%, beaucoup plus élevés que ceux de ses voisins.

Autre problème, l’Italie ne parvient à installer une croissance durable dans son économie. Ainsi, depuis six ans, l’Italie a le taux de croissance moyen le plus bas de l’Union européenne, à 0,2% sur la période 2001-2010. Des mauvais chiffres qui en font l’économie la moins dynamique d’Europe.

La pression européenne de plus en plus en forte

Pour sortir de l’ornière, les partenaires européens de l'Italie ont demandé à Silvio Berlusconi de venir mercredi au sommet de Bruxelles avec un plan détaillé sur ses engagements en matière de réduction du déficit et de réformes économiques.

Car le Fond européen de stabilité financière (FESF), actuellement doté d'une capacité de 440 milliards d'euros, même valorisé, ne pourra pas gérer la dette italienne. De plus, les marchés doutent de la crédibilité du gouvernement italien et craignent qu'il n'atteigne pas ses objectifs de réduction du déficit.

"Une défaillance italienne aurait des répercussions bien plus importantes que pour la Grèce", prévient Cécile Antonin, économiste à l’OFCE. "C’est quand même le troisième pays de la zone euro après l’Allemagne et la France", explique-t-elle à Europe1.fr.

Les leviers d’action possibles

Les dirigeants européens ont donc exigé de Silvio Berlusconi qu’il agisse sur plusieurs leviers. Ils réclament non seulement une réforme du système des retraites italien mais aussi du marché du travail, afin de stimuler l'emploi pour les jeunes, et du cadre législatif pour les entreprises.

L'idée est de demander à Rome "des mesures pour démontrer qu'il n'y a pas de risque que l'Italie devienne un jour la Grèce" et, en attendant que les marchés soient pleinement rassurés, de lui permettre de s'adosser au FESF. En dernier recours, la Banque centrale européenne devra sans doute continuer à racheter de la dette italienne pour jouer les pompiers.

Pour prouver sa bonne volonté, Silvio Berlusconi s’est engagé dès lundi à retarder l'âge de départ à la retraite à 67 ans. Ce pari est cependant loin d’être gagné. Car cette mesure suscite l’hostilité de ses alliés en Italie, et notamment la Ligue du Nord, qui y est farouchement opposée.

Le risque d’une grande récession

Le Cavaliere pourrait donc revenir au sommet de Bruxelles mercredi sans rien pour rassurer ses partenaires européens et les marchés. Le cas échéant, les taux d'emprunt de l'Italie risquent de s'envoler, rendant sa dette insoutenable.

Cependant, comme le rappelle Cécile Antonin, "l’Italie n’a pas encore fait faillite". "Ce qui la menace surtout, c’est une grande récession", conclut-elle.