"L'inacceptable" feuille de route européenne

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Thomas Morel , modifié à
Pour le syndicaliste Jean-Claude Mailly, la Commission impose ses vues au gouvernement.

Jean-Claude Mailly est très remonté. Le secrétaire général de Force Ouvrière, invité mercredi d'Europe 1 Soir, s'est montré très critique sur les "recommandations" émises par la Commission européenne. Un peu plus tôt, Bruxelles avait en effet publié une feuille de route présentant les réformes à mener en échange du délai de deux ans accordé pour ramener le déficit public sous la barre des 3 %. Au programme, réforme des retraites, simplification du système fiscal et baisse du coût du travail.

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"Une seringue de l'austérité". Pour Jean-Claude Mailly, c'est d'abord la méthode de la Commission européenne qui est en cause. "Les annonces de Bruxelles sont plus que des conseils", estime-t-il. "Ce qu'ils exigent, c'est le retour à 3 % de déficit en 2015. D'une certaine manière, la Commission européenne écrit la partition, le gouvernement est chargé de la jouer."

Mais, pour le secrétaire générale de Force Ouvrière, c'est d'abord les gouvernements qui sont à blâmer dans cette affaire : "Les gouvernements ont accepté cette logique là, en choisissant de ne pas renégocier le traité européen, malgré les promesses électorales. A partir de là, on est rentré dans une seringue de l'austérité." D'ailleurs, selon lui, "ce n'est pas un hasard si le gouvernement explique que le dossier des retraites doit être bouclé cet automne. C'est pour répondre à ce que demande Bruxelles."

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Retraites : une réforme qui "tape sur les petits". Jean-Claude Mailly soulève également des problèmes sur le fond. "La Commission européenne est restée sur une logique très libérale. Cette logique nous emmène dans le mur, mais ce n'est pas grave, 'il faut accélérer', nous disent-ils." Selon lui, la réforme des retraites demandée par Bruxelles est "inacceptable" : "On commence à évoquer, ici et là, la possibilité d'un allongement de la durée de cotisation. Mais si on poursuit la logique actuelle, ça veut dire que les jeunes nés en 1989 devront travailler 44 ans pour prendre leur retraite à taux plein. Comme ils commencent à travailler à 24 ans, cela veut dire qu'ils partiront en retraite à 68 ans. Ce n'est pas acceptable quand l'espérance de vie en bonne santé diminue."

Selon lui, cette réforme risque de toucher avant tout les petites retraites. "On nous parle aussi de la désindexation des retraites sur l'inflation. La retraite la plus haute du régime de base, c'est 1.250 euros nets par mois. Ça veut dire qu'en désindexant, on va taper sur les petites retraites".