L'exécutif prêt à nationaliser Florange

© Max PPP
  • Copié
Sophie Amsili et Laure Dautriche avec agences , modifié à
Arnaud Montebourg a confirmé aux syndicats qu'un repreneur voulait investir 400 millions.

A deux jours de la fin du délai pour trouver un repreneur aux hauts-fourneaux de Florange, les syndicats étaient reçus mercredi après-midi par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Ce dernier leur a confirmé que l'Etat avait trouvé un repreneur prêt à investir 400 millions d'euros sur l'ensemble du site mosellan. Pour le moment, ArcelorMittal tient toujours à conserver la partie à froid et à ne vendre que les hauts-fourneaux. Mais si le groupe ne cède pas, l'Etat nationalisera temporairement le site.

La nationalisation si ...  "Montebourg nous a assuré que si Mittal ne fait pas marche arrière, la nationalisation se fera", a déclaré Walter Broccoli, représentant FO des salariés.

Un coup de pouce "GDF" ? D'après les syndicats, l'Etat vendrait 1% de GDF Suez pour financer l'opération. Ce qu'a démenti Arnaud Montebourg peu après dans un communiqué : "la cession de titres GDF Suez n'est pas à l'étude". Mais, précise le ministre, "une éventuelle prise de contrôle publique temporaire du site de Florange aurait un impact nul sur les finances publiques si le gouvernement décidait de financer l'opération par la cession de participations de l'Etat".

Un repreneur à 400 millions. Après la nationalisation temporaire, dans un deuxième temps, le site serait formellement repris par un autre groupe. "Nous sommes prêts car nous avons un repreneur, qui est un aciériste, un industriel, qui n'est pas un financier, qui par ailleurs souhaite investir son argent personnel et, excusez du peu, est disposé à investir jusqu'à près de 400 millions d'euros dans cette installation pour la rénover", a affirmé Arnaud Montebourg mercredi après-midi devant les députés. Le ministre a confirmé ce chiffre aux syndicats. Si l'identité du repreneur potentiel n'a pas été révélée, "a priori, c'est quelqu'un qui aurait une certaine cohérence sur l'approvisionnement minier, en amont et en aval", selon Philippe Verbeke, responsable CGT. "C'est une opération qui peut tenir la route", a-t-il ajouté.

La balle dans le camp de Mittal. Arnaud Montebourg attend des "propositions" du groupe avant la fin de la semaine. Ensuite, "la décision est entre les mains de Monsieur le président de la République et de Monsieur le Premier ministre, je ne doute pas qu'ils prendront les bonnes décisions après les réponses de Mittal."

>> Les salariés d'ArcelorMittal à leur arrivée au ministère de Redressement productif avant de rencontrer Arnaud Montebourg :

28.11 Florange

© Europe 1/ Laure Dautriche

Les salariés veulent y croire. Au milieu du bras de fer, des salariés ont manifesté devant l'Assemblée nationale et une dizaine de syndicalistes prévoient de camper devant le ministère du Redressement productif jusqu'à vendredi soir. Dans cette dernière ligne droite, les sidérurgistes veulent encore y croire. "Tout est prêt, (…) le budget pour reprendre possession de Florange est prêt, le projet industriel est prêt. Il ne manque plus que le feu vert de François Hollande", se félicite Edouard Martin, le représentant CFDT des salariés de Florange au micro d'Europe 1. Le syndicaliste se dit toutefois "déçu" que le président de la République ait affirmé mardi que les discussions devaient se poursuivre avec Lakshmi Mittal. "Négocier quoi ? La décision ne dépend plus que de [François Hollande]."

"Si on donne une perspective même pour quelques années, c'est toujours ça", confie de son côté Frédéric Weber, représentant CFDT des salariés de Florange au micro d'Europe 1. "S'il y a une reprise économique en 2014-2015, nous, on sera toujours présent et on pourra repartir. Si on est mort demain, on ne renaîtra pas de nos cendres après-demain."