L’Assemblée adopte les emplois d'avenir

L'Assemblée nationale a adopté définitivement mardi, par 363 voix contre 135, le projet de loi créant les emplois d'avenir pour des jeunes peu ou pas qualifiés issus de zones défavorisées, surtout dans les collectivités locales, les associations et l'enseignement.
L'Assemblée nationale a adopté définitivement mardi, par 363 voix contre 135, le projet de loi créant les emplois d'avenir pour des jeunes peu ou pas qualifiés issus de zones défavorisées, surtout dans les collectivités locales, les associations et l'enseignement. © MAX PPP
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et avec Olivier Samain et AFP , modifié à
Durée, public et filière visés, coût de la mesure... Europe1.fr vous décortique la mesure.

C'est acté : exit les "emplois-jeunes", bonjour les "emplois d'avenir". L'Assemblée nationale a adopté définitivement mardi, par 363 voix contre 135, le projet de loi créant ces postes destinés aux jeunes peu ou pas qualifiés, issus de zones défavorisées, notamment dans les collectivités locales, les associations et l'enseignement. Outre les voix de la gauche, le texte, qui doit être soumis au vote définitif du Sénat dans la soirée, a reçu le soutien des députés centristes de l'UDI, qui s'étaient abstenus en première lecture.

"C'est un signe politique fort qui répond à des situations d'urgence" et "offre des emplois de qualité pour avoir un premier pied sur le marché de l'emploi", a salué Christophe Sirugue au nom des députés socialistes. En "opposants responsables", les centristes ont eux décidé de "voter pour la jeunesse", regrettant tout de même  "des confusions et contradictions" et une faible place faite au secteur marchand, selon les mots de plusieurs députés. A l'inverse, Isabelle Le Callenec, pour l'UMP, a critiqué un "leurre", "pas à la hauteur des enjeux" et "un énième dispositif pour l'emploi des jeunes" qui concernera "à peine un jeune sur cinq.

>> Que dit ce texte? Europe1.fr vous fait les présentations.

• Quel est l'objectif de ces contrats d'avenir ? Il s'agit de donner "un vrai boulot" à une partie des "400.000 jeunes de moins de 25 ans dans la galère", avait souligné Michel Sapin le 29 août, lors de la présentation du projet en Conseil des ministres. Il ne s'agit pas avec ces nouveaux emplois aidés "de brader", de "faire du chiffre", mais d'un dispositif avec "un accompagnement renforcé" et "la possibilité d'une formation" pour que les jeunes concernés aient au final "le bagage professionnel pour réussir", avait-il argumenté.

• A qui s'adressent ces contrats d'avenir ? A la différence des "emplois-jeunes" de l'ère Jospin, dont ils s'inspirent, ces futurs contrats seront destinés aux 16-25 ans "sans qualification ou peu qualifiés" et "prioritairement dans les zones urbaines sensibles". Les jeunes non qualifiés "de zones rurales extrêmement éloignées" seront aussi concernés.La loi concernera également les handicapés peu qualifiés de moins de 30 ans, en difficulté.

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• Combien de personnes devraient en bénéficier ? Le projet, qui sera le premier texte soumis aux députés fin septembre, vise la création de 150.000 contrats sur trois ans, dont 100.000 en 2013.

• Quelle forme prendront ces contrats ? Il s'agira de CDD ou de CDI.

• Quels secteurs sont concernés ? Le dispositif doit se concentrer "dans des activités d'avenir ou dont l'utilité sociale est avérée": filière verte, secteur social, services à la personne, filières numériques, tourisme. Il s'agit essentiel d'emplois dans le secteur public, mais le secteur privé sera aussi concerné, avec néanmoins des aides moins élevées. Le gouvernement espère qu'un certain nombre d'emplois seront pérennisés une fois l'aide publique épuisée.

• Pourquoi l’Éducation nationale est-elle concernée ? Une dérogation est prévue pour l’Éducation nationale qui pourra embaucher, sur trois ans, 18.000 étudiants boursiers à bac+2 se destinant à l'enseignement, sorte de "pré-recrutement". Ces derniers travailleront à mi-temps pour financer leurs études et préparer les concours d'enseignant.

• Quand ce dispositif entrera-t-il en application ? De premiers contrats doivent pouvoir être signés dès le 2 novembre. "Les premiers contrats pourront avoir lieu avant le premier janvier prochain" si tous les acteurs, services de l'Etat et futurs employeurs "font chauffer le moteur", avait déclaré Michel Sapin fin août. Le gouvernement "a travaillé pendant l'été" et les décrets d'application suivront "dans les semaines immédiates" après l'adoption définitive par le Parlement, avait-il soutenu.

• Quelle sera la facture pour l'Etat ? L'Etat subventionnera (à hauteur de 75% du Smic) ces contrats, généralement à temps plein. Selon les premières estimations, les "emplois d'avenir" devrait coûter à l'Etat 1,5 milliard d'euros par an.

• Quelle différence avec les "emplois jeunes" ? A la différence du dispositif instauré sous Lionel Jospin, "nous ciblons les jeunes en très grande difficulté de recherche d'emploi" et "dans les zones où le chômage est très accentué", "le coeur du chômage des jeunes", a plaidé Michel Sapin.

• Qu'en pensent les partenaires sociaux ? Pour le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly ce type de contrats aidés "est une réponse, mais ne règle pas le problème du chômage". Quant à la présidente du Medef, Laurence Parisot, elle juge le dispositif "pas terrible".

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