Jusqu'où les ambitions de Free iront-elles ?

Free talonne désormais SFR en nombre d'abonnés.
Free talonne désormais SFR en nombre d'abonnés. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Clément Lesaffre , modifié à
Porté par de bons résultats financiers et commerciaux, Free a chipé la place de deuxième opérateur sur l’Internet fixe en France à SFR. L’ex "quatrième opérateur" est ambitieux.

C’est la petite bête qui monte, qui monte… Sauf que la bête n’est plus si petite. Free a clôturé une année 2016 très positive et affiche ses ambitions. Principal fait d’armes de l’année écoulée : Free est redevenu le deuxième opérateur sur l’Internet fixe avec 6,4 millions de clients (+4% en un an), devant SFR (6,1 millions de clients, 420.000 de moins qu’en 2015), qui lui avait pris cette place fin 2014 après la fusion avec Numericable.

La bonne dynamique de Free. Ce changement est symptomatique des nouveaux rapports de force à l’œuvre sur le marché des opérateurs téléphoniques. Free affiche toujours une bonne dynamique. Le chiffre d’affaires d’Iliad, sa maison-mère, a augmenté de 7% en 2016 pour atteindre 4,72 milliards d’euros. Une performance qui le rapproche encore un peu plus du troisième plus gros acteur économique : Bouygues Telecom (4,76 milliards à +6%). Sauf que Free affiche dans le même temps un bénéfice net de 403 milliards d’euros, en hausse de 20%, contre seulement 92 millions pour Bouygues, repassé dans le vert après avoir essuyé des pertes en 2015. Une différence qui s’explique notamment par les faibles coûts de personnel et les dépenses externes limitées de Free, deux fois moins élevés que chez Bouygues Telecom.

SFR en perte de vitesse. Certes, Free reste à bonne distance des mastodontes que sont Orange et SFR, avec respectivement 19 et 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France en 2016. Mais les errements de l’opérateur au carré rouge laissent entrevoir des opportunités pour Free. SFR a subi 218 millions d’euros de pertes l’an dernier (contre un bénéfice de 682 millions en 2015), confirmant ainsi la perte de vitesse observée depuis plusieurs mois. Les abonnés fuient SFR sur le fixe mais aussi sur le mobile, avec 520.000 clients de moins en un an sur ce secteur (il lui en reste 14,6 millions).

Free plébiscité par les utilisateurs. Déjà troisième opérateur français, Free peut espérer doubler SFR en nombre d’abonnés. L’an dernier, l’entreprise de Xavier Niel a recruté un million de clients supplémentaires sur mobile. Résultat, Free compte actuellement 19,1 millions d’usagers (fixe et mobile), plus si loin des 20,7 millions de SFR. Mais la marque au carré rouge a laissé filer presque un million de personnes en un an… SFR paye le manque d’investissement dans son réseau ces dernières années. En octobre, une enquête de satisfaction de 60 millions de consommateurs montrait que seulement 65% des clients fixe et 58% des clients mobiles de SFR en sont satisfaits. Loin du trio de tête, dominé par Free avec des taux de satisfaction respectifs de 95% et 92%.

Des investissements massifs. Grâce à sa bonne santé financière, Free peut envisager sereinement la fin de l’accord d’itinérance signé en 2011 avec Orange. Depuis six ans, le premier opérateur français "prête" son réseau 2G et 3G à Free. Ce marché doit prendre fin en 2020 mais des limitations progressives de débit pour les clients de Free utilisant le réseau Orange sont prévues dès cette année. Le dernier-né des opérateurs mobile investit donc massivement afin de mettre en place son propre réseau (il possède déjà le sien sur la 4G). En 2016, Free a injecté 1,3 milliard d’euros dans ce but en 2016 et prévoit entre 1,4 et 1,5 milliard cette année.

Changement de paradigme. En volant entièrement de ses propres ailes, Free ressemblera un peu plus aux trois opérateurs historiques. Il verra notamment ses dépenses d’amortissement, aujourd’hui très basses, augmenter, conséquence logique de l’entretien de son réseau en propre. De même, il lui faudra employer des techniciens de maintenance, des ingénieurs, etc. Pour compenser ce surcoût financier, Free mise désormais pleinement sur le mobile et ses offres simples (deux seulement, à 2 euros et 19,99 euros). Conscient du potentiel d’attraction de sa marque dans ce domaine, le patron de Free, Xavier Niel, promet déjà "une annonce qui ne va pas plaire aux concurrents" pour mardi…