Jean-Paul Delevoye (CESE) : les Français en "train de lâcher la rampe"

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Le président du Conseil économique social et environnemental (CESE) était l'invité lundi d'Europe 1. 
INTERVIEW

Vincent Lindon, qui a reçu le Prix d’interprétation masculine ce week-end à Cannes, a dédié son prix à tous les "laissés-pour-compte". Pour Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique social et environnemental (CESE), invité lundi d'Europe 1, c'est symptomatique d'une "crispation et d'une rupture potentielle de la société". "Les artistes ont souvent un regard lucide sur notre société. Et ils ne sont pas souvent écoutés", regrette-t-il.

"Ils nous alertent sur la situation des jeunes, des banlieues, de tous ceux qui sont en train de se déraciner. Ils ne dénoncent pas la République mais les absences de la République", prévient Jean-Paul Delavoye, pour qui il faut changer de vision. "La France a cette particularité de dire : 'celui qui réussit, on le jalouse et on songe à le punir'. Et celui qui échoue, on a tendance à le culpabiliser'. Il faut passer de l'intégration à l'inclusion. Il faut demander : quelle est la responsabilité collective pour que celui qui est en échec puisse avoir une place dans la société".

Le président du CESE insiste : la menace la plus grande pour la France et l'Europe ne vient pas de l'étranger, mais de l'intérieur même du pays. Il y a un "risque de dislocation sociale". Si rien ne change, "la majorité des exclus se vengera". Ce dernier sent d'ailleurs une vie politique et publique qui "va se radicaliser". "La lutte des identités remplace la lutte des classes. Or, les conflits liés à la lutte des identités sont bien plus dangereux que ceux liés à la solidarité des classes".