Italie : pourquoi une telle sanction ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
La décision de Standard and Poor's d'abaisser d'un cran la note de l'Italie suscite la polémique.

L'agence de notation américaine Standard & Poor's a jeté un froid sur la planète financière en abaissant d'un cran la note de l'Italie pour la ramener à A contre A+ précédemment, soit un niveau inférieur à celle de la Slovaquie. Aussitôt annoncée, la décision a été critiquée. Europe1.fr passe en revue les questions soulevées par cet abaissement-sanction.

Comment se porte l'économie italienne ? Pas très bien mais cela n'est pas nouveau. "Le problème de l'Italie, c'est que le pays n'a pas de croissance depuis 10 ans. Par conséquent, sa dette gonfle du fait du paiement des intérêts financiers qu'il faut refinancer, même quand le pays fait des efforts de restriction budgétaire", analyse sur Europe 1 l'économiste Philippe Brossard. Face à un endettement de 1.900 milliards d'euros, équivalent à 120% du PIB annuel, l'Italie ne cesse donc d'emprunter à des taux toujours plus importants : 5,5% au lieu de 2,5% en France.

Que dit Standard and Poor's ? L'agence de notation américaine explique aujourd'hui sa décision par un double argument. Economique, d'abord avec des faibles perspectives de croissance, qui vont compliquer la réduction du déficit et de la dette. Politique ensuite, en raison de la fragilité de la coalition de Silvio Berlusconi. Adopté au forceps par le Parlement le 14 septembre, le plan d'austérité prévoyant 59,8 milliards d'euros d'économies avec l'objectif de ramener le budget à l'équilibre en 2013 est loin d'être suffisant pour Standard and Poor's. "Pour l'agence américaine, les mesures adoptées par le pays ne sont pas à la hauteur des enjeux de la crise" décrypte à Europe1.fr Philippe Wechter, responsable des études économiques au sein de Natixis AM. "Et contrairement à l'Espagne - dans une situation économique similaire - il n'y a pas un consensus assez fort sur la question", ajoute l'économiste.

L'agence Standard & Poor's est-elle objective ? Comme lorsqu'elle avait abaissé la note des Etats-Unis de AAA à AA+, le 6 août, l'agence de notation américaine est accusée par l'Italie d'avoir pris une décision politique. "Les appréciations de Standard & Poor's semblent davantage dictées par des histoires parues dans les journaux que par la réalité et elles semblent avoir été négativement influencées par des considérations politiques", a déclaré le gouvernement italien dans un communiqué. Face à ces accusations du gouvernement italien, Standard and Poor's a aussitôt rétorqué, assurant que ses évaluations étaient "apolitiques" et "basées sur l'évolution du "risque de crédit, fournies aux investisseurs".

Qu'en conclut la presse italienne ? Alors que Silvio Berlusconi est empêtré dans un énième scandale sexuel, la presse italienne lui attribue sans détour une part de responsabilité dans l'abaissement de la note du pays.  Pour le quotidien économique Il Sole 24 Ore, Il Cavaliere paye "le prix élevé de la décadence" et un "gouvernement incapable de gouverner". Même tonalité dans La Repubblicaqui pointe du doigt "le manque de crédibilité de Silvio Berlusconi et donc du pays, aux yeux des investisseurs internationaux".