ISF : "Il n’y a pas d’efficacité économique annoncée sur cette réforme"

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© DAMIEN MEYER / AFP
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Vincent Eblé, président de la commission des finances du Sénat, estime à un million et demi d'euros l'économie que chacune des 100 premières fortunes de France vont réaliser grâce à la transformation de l'ISF.

Chacune des 100 plus grandes fortunes Françaises va économiser un million et demi d'euros sur ses impôts, grâce à la réforme fiscale débattue en ce moment au Parlement, et qui prévoit notamment la transformation de l’ISF. C’est du moins l’estimation donnée par le socialiste Vincent Eblé, le président de la Commission des finances du Sénat sur fond de polémique, l’opposition de gauche accusant le gouvernement d'avoir échafaudé un budget pour les riches.

"C’est un cadeau, on peut le dire. En tous cas c’est plus que ce que ces contribuables payaient hier au titre de l’impôt sur la fortune puisque Bruno Le Maire [le ministre de l’économie, ndlr], nous avait donné le chiffre de 1.260.000 euros", relève le responsable au micro d’Europe Midi. "On nous dit que l’ISF va être remplacé par un impôt sur la fortune immobilière, mais en fait, la compensation est plus importante que l’impôt sur la fortune grâce au dispositif combiné de la flat tax, et de la création du nouvel impôt sur la fortune immobilière".

Réorienter les richesses vers l'investissement. "J’invite à dépassionner le débat et à cesser d’opposer les Français les uns aux autres, les riches contre les moins riches, ceux à qui on fait des cadeaux et ceux à qui on ne fait pas de cadeaux", déclare pour sa part Laurent Saint-Martin, député REM du Val-de-Marne, et vice–président de la Commission générale des Finances à l’Assemblée nationale, également invité d’Europe Midi. "Ce qui compte pour moi, c’est la réussite collective du pays et la réussite de tous les Français", martèle-t-il. "Si l’on fait cette réforme de l’ISF, ça n’est pas pour faire un cadeau aux plus fortunés ou les récompenser de quoi que ce soit, c’est pour qu’ils puissent mieux le réinvestir dans notre économie", veut-il faire valoir.

Une efficacité limitée ? Mais pour Vincent Eblé, les simulations réalisées à partir des chiffres fournis par Bercy ne sont pas convaincantes. "Sur le long terme, on nous annonce une augmentation du PIB d’un demi-point et la création de 50.000 emplois à 20 ans, pour une réforme qui va coûter aux finances publiques 5 milliards d’euros par an à minima, et même un peu plus à partir de 2019, pendant 20 ans. Vous imaginez la recette ?", s’agace le sénateur PS de Seine-et-Marne. "Il n’y a pas d’efficacité économique annoncée sur cette réforme !"

Et Laurent Saint-Martin de mettre en cause de son côté l’efficacité de l’ISF : "La plupart des grandes fortunes ne le paient pas. Comme on dit, c’est un impôt de millionnaires, pas de milliardaires. Et son coût de recouvrement est souvent supérieur à ce qu’il peut rapporter. Ça n’est pas un impôt efficace !", assure t-il, estimant que la nouvelle réforme permettra de "créer un environnement fiscal réglementaire et favorable à la culture de l’investissement" qui manque à la France selon lui.