Ils ne veulent plus se faire "pigeonner"

Des entrepreneurs énervés contre le projet de taxation des plus-values du gouvernement ont chosii de protester sur Internet. Leur emblème, le pigeon.
Des entrepreneurs énervés contre le projet de taxation des plus-values du gouvernement ont chosii de protester sur Internet. Leur emblème, le pigeon. © DR
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Thomas Morel, avec AFP , modifié à
Des créateurs d’entreprise protestent contre les nouvelles taxes du gouvernement Ayrault.

Ras-le-bol d’être les dindons de la farce. Les "pigeons", groupe de créateurs d’entreprise "de croissance", des patrons de "startups" qui préfèrent rester anonymes pour l'instant, montent au créneau pour protester contre le projet de loi de finances du gouvernement pour 2013.

En cause, les changements apportés à la taxation des plus-values lors de la vente d’actions ou de parts d’entreprise. Le forfait simple en place jusqu’à cette année, à savoir 34,5 % pour tout le monde, doit en effet laisser la place l’an prochain au barème de l’impôt sur le revenu. En somme, plus le montant de la cession serait important, plus l’État prélèverait de taxes, jusqu’à un maximum de 60 % pour les montants qui dépassent 150.000 euros. De quoi refroidir les ardeurs de tout créateur d’entreprise.

Nombreux soutiens sur Internet

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Pour défendre leur argumentaire, des entrepreneurs en colère se sont donc choisi une mascotte, le pigeon, animal qui gobe tout sans se plaindre, et créé le collectif "Les Pigeons : mouvement de défense des entrepreneurs français". La page Facebook du groupe, créée il y a moins d’une semaine, a déjà rassemblé plus de 30.000 soutiens. De même le mot-clé #geonpi (pigeon en verlan) est devenu sur Twitter l’un des plus repris. Des noms parmi les plus prestigieux, tels que Marc Simoncini, créateur de Meetic,  Jacques-Antoine Granjon, fondateur de vente-privee.com, ou encore Jean-David Chamboredon, à la tête du fonds des entrepreneurs Internet, se sont également joints au mouvement de protestation. Même la CGPME s’est jointe au cortège de plaintes. Elle a annoncé mardi le lancement d’une pétition pour faire revenir le gouvernement sur sa décision. "Dogme anti-capitaliste", "brisage de rêve", "démotivation quasi-sadique", les membres du groupe  ne manquent pas de qualificatifs pour dénoncer le comportement de l’État.

Le mouvement a pris une telle ampleur que les organisateurs préparent une manifestation, bien réelle celle-là. Dimanche prochain, il donnent rendez-vous à leurs soutiens devant l'Assemblée nationale. Près de 2.000 personnes ont déjà répondu à l'appel. Face à cela, Fleur Pellerin, la ministre chargée de l’Économie numérique, a accepté de recevoir plusieurs associations du secteur pour écouter leurs revendications.

Un calcul "faux" d'après Bercy

Le gouvernement reste prudent sur le sujet et dénonce un calcul "faux". "Dans l’hypothèse la plus extrême d’un célibataire qui a déjà 150.000 euros de revenus par ailleurs" et qui revend son entreprise l’année même de sa création, "on arrive à un taux de 58,2 %", explique-t-on à Bercy. Avant de préciser que "cela traduirait une attitude spéculative totalement incompatible avec la pratique entrepreneuriale". De fait, de nombreux dispositifs permettent d’atténuer l’impact du nouveau barème, comme l’exonération pour les créateurs d’entreprises qui partent à la retraire ou les plus-values des Jeunes Entreprises Innovantes (JEI, un statut créé spécifiquement pour les start-ups informatiques). Un abattement pour durée de détention de titres a également été créé.