Hollande promet une baisse des charges, les agriculteurs attendent d’en savoir plus

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Une manifestation d'agriculteurs, le 5 février à Marmande. © NICOLAS TUCAT / AFP
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AGRICULTURE - Le président de la République a profité du remaniement pour annoncer une baisse des charges en faveur des agriculteurs.

Malgré les tables rondes, la simplification des normes à venir et la promesse de porter le dossier jusqu’à Bruxelles, rien n’y fait : la mobilisation des milieux agricoles ne faiblit pas, portée notamment par les éleveurs de porc et les producteurs laitiers. Le président de la République a donc décidé de s’impliquer personnellement en profitant du remaniement ministériel pour faire des annonces. Et notamment pour promettre "une nouvelle baisse des cotisations sociales, tout de suite, pour l'ensemble des agriculteurs". Mais du côté des agriculteurs, on attend que les discours se concrétisent.

Ce qu’a annoncé François Hollande. "Il y a non seulement une crise du porc, mais aussi une crise du lait, et puis il y a les épidémies, et puis il y a la sécheresse", a constaté François Hollande jeudi soir lors de son intervention télévisée, avant de présenter une série de mesures.  La France va notamment s’activer au niveau de l’UE pour tenter de convaincre le Russie de lever son embargo sanitaire sur les produits européens. "Il faut qu'on puisse agir sur l'embargo russe", a-t-il déclaré, avant d’évoquer également "un plan européen de stockage" censé enrayer la chute des cours des produits agricoles. "En ce moment, il y a une négociation qui est très difficile à Bruxelles. Je m'en suis entretenu avec Madame Merkel. Le 15 février, ça va bouger, parce qu'on ne peut pas rester comme ça", a-t-il assuré.

Mais c’est surtout l’annonce d’une baisse des charges qui a attiré l’attention. "Le Premier ministre va annoncer avant le 17 février une nouvelle baisse des cotisations sociales, tout de suite, pour l'ensemble des agriculteurs. (…) Elles vont baisser", a promis François Hollande.

"Attendons le 17 pour être définitivement convaincus". Du côté des agriculteurs, on se satisfait de cette annonce, mais on attend surtout d’en savoir plus. "On verra ce qui sera annoncé le 17. En tout cas, c’est déjà un premier signal positif et j’en prends acte. Nous avons été entendus, attendons le 17 pour être définitivement convaincus de la mesure", a réagi Xavier Beulin, président de la FNSEA, au micro d’Europe 1.

"Lorsque j’ai rencontré le président il y a une semaine, je lui avait effectivement fait la demande de ramener les cotisations sociales des agriculteurs au niveau de leurs voisins européens. Dans de nombreuses filières, on s’aperçoit malheureusement que nos coûts moyens sont beaucoup plus importants que chez nos voisins : aujourd’hui, on est à peu près à 10% de plus de cotisations sociales par rapport à ces mêmes voisins", a-t-il ajouté. Et le chef de file du principal syndicat agricole de conclure : "Ce que j’ai en particulier demandé, c’est que les agriculteurs bénéficient de ce dont bénéficient aujourd’hui les entreprises à travers le CICE pour nous remettre dans un niveau de concurrence loyale vis-à-vis de nos voisins". En l’occurrence, la FNSEA attend une baisse du taux de cotisations de 45% à 35%.

Baisser les charges suffira-t-il ? Du côté du Modef, quatrième syndicat agricole, on estime aussi que "cette baisse de charges va dans le bon sens mais elle doit être accompagnée d'un moratoire". Interrogé par Le Figaro, le vice-président du syndicat veut que la répartition de la valeur soit revue au niveau européen pour permettre "un prix rémunérateur pour les productions animales".

La Coordination rurale est, elle, plus critique. "Pour moi, c'est du vent", a réagi son président Bernard Lannes, toujours dans les colonnes du Figaro. Et ce dernier de préciser ses revendications : "Nous voulons un lissage de la fiscalité, avec des provisions pour aléas qui nous permettent de mettre de côté les bonnes années et compenser les moins bonnes. En outre, nos charges sociales doivent non plus être assises sur l'EBE, mais sur les salaires comme dans le régime général". Le dossier des agriculteurs est loin d'être clos.