Présidence de Thales : Henri Proglio jette l'éponge

Henri Proglio
Henri Proglio © STEPHANE DE SAKUTIN/AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Bercy avait mis son veto à la nomination de l'ancien président d'EDF, qui conseille également le géant russe du nucléaire Rosatom. 

Il a fini par céder. Henri Proglio annonce dans Le Monde qu'il renonce à la présidence de Thales. "J’en ai assez du soupçon, de l’humiliation. Il faut arrêter de me prendre pour un guignol, un espion, un goinfre, un traître", a vivement réagi l'ancien dirigeant d'EDF, accusant le gouvernement d'avoir mené une "campagne" contre lui.

C'était soit Russe, soit Français. Bercy avait mis son veto pour s'opposer à sa nomination à la présidence non opérationnelle de Thales. Henri Proglio, qui conseille également le géant russe du nucléaire Rosatom, ne pouvait pas, selon le ministère de l'Economie, prendre la tête d'un fleuron stratégique français, Thalès donc, tout en étant rémunéré par Rosatom, concurrent russe d'un autre fleuron tricolore, le groupe nucléaire Areva. 

Thalès met également au point des systèmes informatiques de collectes de données nucléaire, une technologie que le gouvernement compte bien protéger. Bercy craignait un conflit d'intérêt si Henri Proglio se saisissait de la double casquette. 

Macron dément toute "campagne". Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a encore jugé mardi que Henri Proglio était bien en situation de "conflit d'intérêt". "Il était normal que nous demandions à Henri Proglio de choisir entre des fonctions éminentes de dirigeant même non exécutif à la tête de Thalès et des engagements réels, rémunérés auprès de grands acteurs du secteur militaire et civil, en particulier nucléaire, russe. Cela ne nous paraissait pas compatible. C'est un problème d'éthique et de conflit d'intérêt", a-t-il dit, assurant: "Je n'ai pas alimenté de campagne, j'ai du respect pour l'homme, pour le dirigeant qu'il a été à la tête de Veolia et d'EDF".

Soutenu par Dassault. Remplacé à la tête d'EDF par Jean-Bernard Lévy, Henri Proglio avait, pour assurer la présidence non-exécutive de Thales, reçu le soutien de Dassault, actionnaire majoritaire du groupe d'électronique de défense avec l'Etat. Sa nomination devait être entérinée par l'assemblée générale de Thales, qui se réunit mercredi. Mais Bercy en a décidé autrement.