Hémorragie d'emplois à prévoir

L'aciérie ArcelorMittal de Florange, qui emploie 500 salariés, est menacée de fermeture.
L'aciérie ArcelorMittal de Florange, qui emploie 500 salariés, est menacée de fermeture. © MAXPPP
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ZOOM - Air-France, Carrefour… Les syndicats redoutent des plans sociaux monstres à venir.

Il n'y a pas de temps à perdre. Arnaud Montebourg, le nouveau ministre du Redressement productif, a rencontré lundi les partenaires sociaux. "Il s'agissait d'avoir un premier échange sur l'état de l'appareil productif français et de constituer des fonds de dossiers", a simplement commenté le cabinet du ministre, à l'issue de la réunion. Aucune autre déclaration n'a filtré du gouvernement.

Arnaud Montebourg semble obligé de faire montre de prudence, car "l'état de l'appareil productif français" est critique. Ce weekend, tout en assurant que la "bataille n'avait pas encore commencé", il prévenait lui-même, dans une interview au JDD, que le gouvernement encaisserait "certainement des échecs", dans la lutte pour le redressement de cet appareil productif, notamment sur le plan de l'emploi.

3.000 postes menacés chez Air France

Boursier.com - Air France KLM supprimerait jusqu'à 5.000 postes, sans licenciement "sec"

Les plans sociaux qui menacent sont déjà légion, à en croire les syndicats. "La plupart des secteurs vont être touchés par des restructurations : automobile, métallurgie, logistique et même les banques", prévient un conseiller gouvernemental interrogé par Marianne, dans le cadre d'une enquête au titre peu ambigüe : "La bombe des plans sociaux."  

Dernière rumeur en date : les départs volontaires de 5.000 employés d'Air France, dans le cadre d'un vaste plan d'économies sur trois ans, qui vise à redonner de la compétitivité à la compagnie aérienne en proie à des pertes faramineuses.

Dans la grande distribution, notamment victime de l'essor du commerce sur internet, les syndicats craignent également jusqu'à 10.000 suppressions de postes. "À Carrefour, il se murmure que le nouveau PDG du groupe, Georges Plassat, n'attend que son adoubement par son Assemblée générale le 18 juin, pour annoncer des coupes claires", écrit Marianne dans son article. Plus de 3.000 postes seraient menacés pour cette seule enseigne, selon la CFDT.

"Il n'y aura pas d'état de grâce"

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SFR, déstabilisé par l'arrivée du concurrent Free sur le marché de la téléphonie, prévoirait lui aussi un plan de sauvegarde menaçant 500 emplois.  

Chez PSA enfin, un véritable "tsunami" industriel se préparerait à l'usine d'Aulnay-sous-bois. Le site, qui emploie 3.100 salariés consacrés à la fabrique de la Citroën C3, pourrait fermer en 2014, après l'arrêt de production de la berline. C'est la CGT qui est à l'origine de la rumeur, après avoir mis la main sur une note interne de la direction. En comptant les sous-traitants de PSA et tous les bénéficiaires des retombées économiques de l'usine, la Région Île-de-France redoute une hémorragie de 10.000 emplois.

"Il n'y aura pas d'état de grâce pour Jean-Marc Ayrault et François Hollande", prévient le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly.

"La bataille n'est pas perdue d'avance"

Et outre ces "bombes" en attente, le gouvernement Ayrault doit également faire face à celles déjà enclenchées.

ArcelorMittal en Moselle, Petroplus à Petit-Couronne, Fralib dans les Bouches-du-Rhône,  Meryl Fiber dans le Pas-de-Calais… Des milliers de salariés sont déjà menacés partout en France, et multiplient les actions (manifestations, occupations d'usines...) pour tenter de résister aux plans sociaux.

"La bataille n'est pas perdue d'avance. Nous allons ouvrir des discussions tous azimuts avec les dirigeants des entreprises qui menacent de fermer les portes de certains de leurs sites en France, des discussions fermes, aux côtés des salariés", avait annoncé Arnaud Montebourg jeudi 17 mai sur France2.

Mais les solutions semblent bien maigres, en ces temps de ralentissement économique et de dette colossale. Pour faire face, François Hollande a donné rendez-vous aux syndicats et au patronat à la mi-juillet, pour une "grande conférence nationale sur la croissance et l'emploi". Pendant sa campagne, il a également promis plusieurs mesures telles que l'interdiction des fermetures de sites quand ceux-ci ont un repreneur, ou l'augmentation du coût des licenciements collectifs dans les entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires.

Invité de BFM TV mardi matin, Jean-Claude Mailly reconnaît d'ailleurs là des mesures "envisageables". Mais lui souhaiterait aller plus loin. "On pourrait imaginer que l'État entre dans le capital de certaines entreprises", soutient-il par exemple, utilisant l'expression de "nationalisation  partielle". Les syndicats patronaux, eux, militent plutôt pour une réduction des coûts du travail et d'avantage de flexibilité.

"Mais la marge de manœuvre du gouvernement dépendra de la politique menée au niveau de l'Europe, concède Jean-Claude Mailly. Sans de fortes mesures prises sur le terrain de la croissance, on n'y arrivera pas."