Hausse du taux de chômage : "ça va mieux", vraiment ?

La relance économique pâtit toujours du début de quinquennat de François Hollande.
La relance économique pâtit toujours du début de quinquennat de François Hollande. © JOEL SAGET / AFP
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Clément Lesaffre , modifié à
L'Insee a annoncé jeudi une hausse du taux de chômage à 9,7%. De quoi remettre en cause le "ça va mieux", mantra répété à l'envi par François Hollande et le gouvernement ?

Après une nette décrue à la mi-2016, le taux de chômage a augmenté de 0,1 point au troisième trimestre, à 9,7% en métropole et à 10% en France entière, selon une publication de l'Institut national de la statistique (Insee) parue jeudi. Une annonce qui vient contraster avec les chiffres de demandeurs d'emploi de Pôle Emploi, en net recul au mois de septembre. François Hollande a beau répéter depuis six mois que l'économie française "va mieux", le constat réel n'est pas aussi clair. Passage en revue de quatre données cruciales dans la relance économique.

Taux de chômage : oui, ça va mieux

Le taux de chômage est certes remonté au troisième trimestre mais la dynamique est toujours positive. Sur un an, le taux, mesuré par l'Insee selon les normes du Bureau international du travail (BIT), reste en baisse de 0,4 point. Après une période au dessus des 10% en 2014/2015, le taux de chômage semble se stabiliser sous ce seuil symbolique. L'Insee prévoit 9,8% en fin d'année. Mais si la tendance générale se poursuit, François Hollande peut même espérer retrouver, d'ici l'élection présidentielle, le niveau de son début de quinquennat, autour de 9,4%. Il clôturerait alors un mandat neutre sur ce front.

Dans le détail des classes d'âge, la situation reste compliquée pour les jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans grimpe à 25,1% au troisième trimestre (+1,2 pt), son plus haut niveau depuis 2012. Il est aussi en hausse sur un an (+0,8 pt). Le taux des seniors (50 ans ou plus) monte également (+0,5 pt), pour s'établir à 7%, flirtant avec son plus haut niveau atteint mi-2015. Il reste toutefois stable sur un an.

Demandeurs d'emploi : inversion en vue mais bilan mitigé

François Hollande a conditionné sa candidature en 2017 à "l'inversion de la courbe du chômage", déterminée par les chiffres mensuels de Pôle Emploi. Au vu des dernières publications, le président est en passe de réussir son pari, du moins pour la catégorie A (personnes sans aucune activité). Depuis octobre 2015, on observe bel et bien une tendance à la baisse du nombre de chômeurs de catégorie A. Mais "l'inversion" n'est pas franche pour autant, plutôt hoquetante avec une alternance continue entre baisses et hausses.

Le quinquennat de François Hollande reste néanmoins négatif en termes de réduction du chômage. Pôle Emploi recensait 2,94 millions de demandeurs d'emploi en catégorie A, en juin 2012. Quatre ans et demi plus tard, ils sont 3,49 millions, soit une augmentation de 19%. Autrement dit, "ça va mieux" mais le chômage partait de tellement haut que le bilan est encore mitigé. Il l'est encore plus si l'on regarde l'ensemble des catégories A, B et C (incluant les chômeurs à temps partiel) : 5,48 millions de personnes (+25% depuis juin 2012) et pas d'inversion en vue, la courbe est encore très linéaire.

Créations d'emploi : c'est de mieux en mieux

C'est probablement l'indicateur le plus positif pour l'économie ces derniers temps. Le nombre de créations d'emploi est au beau fixe depuis un an. Selon l'Insee, 29.500 emplois ont été créés dans l'ensemble des secteurs marchands (hors agriculture) au deuxième trimestre 2016. C'est le cinquième trimestre consécutif dans le vert et il faut remonter à 2010/2011 pour trouver trace d'une telle série. L'Insee est d'ailleurs optimiste : l'institut anticipe 52.200 créations au troisième trimestre. Si cette prévision venait à être confirmée, ce serait un niveau plus vu depuis 2007 ! L'inversion de la tendance est très nette depuis le début du quinquennat Hollande.

Croissance : une remontée difficile

Au-delà de l'emploi, la santé de l'économie française est également jaugée à l'aune de la croissance. Après trois premières années marquées par un encéphalogramme quasiment plat, la croissance reprend doucement des couleurs. En 2015, elle est repassée au dessus de 1%. Selon l'Insee, la tendance doit se poursuivre en 2016 avec une croissance anticipée de 1,3%. Malgré tout, l'institut était initialement plus optimiste. En juin, il tablait sur une croissance de 1,6%, mais s'est ravisé après une contraction de l'activité de 0,1% au printemps, notamment à cause des grèves. Le seuil des 2% paraît encore loin.