Hausse de la taxe de séjour : le tourisme en péril ?

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Alexis Toulon avec AFP
DEBAT - Deux amendements votés par les députés provoquent la colère du gouvernement et des professionnels de l’hôtellerie.

La France a fait du tourisme l’une de ses priorités. Toutefois, le secteur s’inquiète du vote par l’Assemblée nationale de deux amendements socialistes qui augmentent la taxe de séjour. Gouvernement et professionnels dénoncent à l’unisson des mesures contre-productives qui pèsent sur les marges des hôteliers et pénalisent l’emploi. Mais les députés justifient leur choix et critiquent l’ingérence de l’exécutif.

Qu’est-ce que la taxe de séjour ?La taxe de séjour est fixée par certaines communes assermentées dans le but de financer les dépenses liées à la fréquentation touristique (ou à la protection de leurs espaces naturels dans un but touristique). Elle est perçue par la commune. Actuellement, son montant varie de 0,20 euros à 1,50 euros par personne et par nuit, en fonction du type d'hébergement et de son standing. Elle concerne tous les vacanciers, sans discrimination de nationalité, âgés de plus de 13 ans, qui logent dans : un hôtel, ou une location saisonnière (meublés de tourisme, village de vacances), ou une chambre d'hôte, ou un camping, ou un port de plaisance.

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Ce que veulent les députés. Les députés ont voté deux amendements. Le premier, voté mercredi, rend possible un quintuplement, jusqu'à 8 euros, pour les hôtels 3, 4 et 5 étoiles, sur l’ensemble du territoire. Selon Sandrine Mazetier, députée PS de Paris à l’initiative de l’amendement, celui-ci doit permettre de réaligner cette taxe sur celle pratiquée dans les autres pays. Le second, d’un montant de 2 euros par nuitée, est spécifique à l'Ile-de-France et doit permettre de financer les transports en commun. Les deux amendements sont cumulatifs, ce qui pourrait alourdir la facture d’une nuit d’hôtel en région parisienne de dix euros. L’objectif de cette taxe de deux euros en Ile-de-France, qui pourrait être instituée dès le 1er septembre, serait de dégager environ 140 millions d'euros par an, soit quasiment le montant de ressources nouvelles (150 M EUR) que le gouvernement s'était engagé à trouver en signant en juillet 2013 un protocole de financement des transports en Ile-de-France.

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Ce qui provoque la grogne des professionnels. Les professionnels sont montés au créneau pour dénoncer ce nouveau matraquage. Le PDG du groupe hôtelier Accord, Sébastien Bazin, a jugé lundi au micro d’Europe 1 que "le taux de la taxe, son montant, est insupportable sur les marges des entreprises aujourd'hui". Il regrette également que cette taxe, non prévue, "n'a pas été discutée" et assure que les hôteliers ne peuvent "pas la payer". Didier Chenet, co-président du GNI, qui regroupe trois organisations de l'hôtellerie, de la restauration et des cafés (Synhorcat, la CPIH et la Fagiht) a, pour sa part, estimé que ces taxes représentaient "500 millions de taxes supplémentaires" par an et diminuent d'autant le pouvoir d'achat des touristes.

"Le taux de la taxe de séjour est insupportable"par Europe1fr

Ce qu’en dit le gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, appuyé par son homologue de l'Economie, Arnaud Montebourg, a appelé dimanche avec virulence les députés à revenir sur la hausse des taxes de séjour. Il a jugé "impératif de renoncer" à ces hausses, "dangereusement et totalement contraires à la promotion du tourisme qui est une priorité pour l'emploi et l'équilibre extérieur de la France" et adoptées "sans concertation avec les professionnels". Arnaud Montebourg, a quant à lui, précisé que "le gouvernement est opposé à cette décision", et souhaite que "le Parlement revienne sur cette décision".

Une prise de position qui a provoqué la colère des députés socialistes qui ont porté ces amendements à l’Assemblée : "Que des modalités d'application puissent être discutées est une chose, que le vote du Parlement soit remis en cause et que publiquement il soit demandé qu'il revienne sur sa décision me semble non seulement contraire aux principes de rénovation de notre démocratie, mais surtout une remise en cause de son indépendance", a déclaré Razzy Hammadi.

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