SNCF : 23,9% de grévistes selon la direction, 50% selon les syndicats

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Le trafic des RER va être perturbé mardi en Île-de-France. © THOMAS SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le mouvement de grève lancé par la CGT, Unsa, SUD, CFDT, FO et First s’achèvera mercredi à 8h.

Un TGV et un Transilien sur deux en circulation en moyenne, quatre TER sur dix et un Intercité sur trois : de fortes perturbations sont à attendre mardi sur l'ensemble du réseau SNCF. Un mouvement de grève entamé lundi soir à l'appel de l'ensemble des syndicats de cheminots va se poursuivre jusqu'à mercredi 8h.

Les principales infos à retenir :

  • Un TGV et un Transilien sur deux, quatre TER sur dix et un Intercité sur trois sont prévus mardi
  • Les syndicats veulent peser sur les négociations en cours qui portent sur leurs conditions de travail
  • Ils n'excluent pas de lancer de nouveaux mouvements de grève à l'avenir

Se préparer à l'ouverture à la concurrence. Avec cette mobilisation, la troisième en huit semaines, CGT, Unsa, SUD, CFDT ainsi que FO et First (non représentatifs) entendent "peser" sur les négociations en cours concernant leurs conditions de travail. Ces négociations, menées à l'échelle de la branche et au sein du groupe public, doivent aboutir avant mi-2016 à l'harmonisation des règles de travail dans le secteur (fret/voyageurs, SNCF/privé). Objectif : aborder dans de bonnes conditions de sécurité et sans dumping social l'ouverture totale à la concurrence.

Les échéances se précisent : les lignes TGV devront s'ouvrir à la concurrence à partir de 2020 et TER/Intercités à compter de 2023. Les discussions ont été engagées sur la base d'un projet de décret du gouvernement, compromis entre les règles en vigueur dans le fret privé et celles de la SNCF, globalement plus protectrices pour les salariés.

FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Les prévisions. Dès lundi soir, "les huit trains de nuit sur 15.000 trains quotidiens" sont restés à quai, sans grande répercussion immédiate sur le trafic. La direction prévoyait en revanche de fortes perturbations mardi : un TGV et un Transilien sur deux en circulation en moyenne, quatre TER sur dix et un Intercité sur trois. Le trafic devrait cependant être "quasi-normal" sur les grandes lignes internationales.

Sur les lignes TGV, trois trains sur quatre circuleront sur l'axe Est, six sur dix en Bretagne et Pays-de-la-Loire, un sur deux dans le Sud-Ouest, le Sud-Est et le Nord. La situation reviendra "progressivement" à la normale mercredi matin, selon la SNCF.

En Île-de-France, sur le Transilien, si la moyenne sera d'un train sur deux, des disparités sont à prévoir selon les lignes, selon la SNCF. Ainsi, en Ile-de-France, la circulation du RER A devrait être normale mais sur les lignes B et E, on attend un train sur deux, et un sur trois sur les lignes C et D. La pagaille était toutefois limitée dans les gares, les voyageurs avertis ayant pris leurs dispositions. 

Les usagers désabusés. Depuis 5h40 mardi à la gare du Nord à Paris, les rames partent au compte-gouttes et nombreux sont les trains à partir bondés avec des usagers gênant la fermeture des portes pour tenter de se rendre à leur destination à l'heure habituelle. "Je suis partie plus tôt, je me suis levée à 4 heures du matin, il faut bien qu'on aille travailler, on a pas le choix, on est obligé de subir. Il ne s'arrête pas à ma station donc je suis obligé d'attendre le prochain", explique Christiane rau micro d'Europe 1. "C'est le bordel", peste un autre usager ajoutant que "chacun peut défendre ses intérêts, mais il faut aussi penser aux autres. Il n'y a personne pour nous renseigner, c'est un peu désolant", regrette-t-il.

La situation est également compliquée en région. A Poitiers et à Lille par exemple, Europe 1 a pu constater que certains trains étaient affichés sur l'écran géant avant d'être supprimés à la dernière minute. "Normalement je rentre chez moi à 19h15 et là, je vais rentrer à 20h30", explique Michel qui a pourtant commencé sa journée à 6 heures. Une autre voyageuse, Adeline, vivant à 50 kilomètres de Poitiers a même préféré dormir dans le quartier de la gare pour arriver à l'heure au travail. "J'ai la possibilité de prendre soit un train, soit un car, mais je crois que je vais préférer le train. Avec le car, on ne sait pas ce qui peut se passer sur la route et je ne peux pas le me permettre d'être en retard parce que je suis en période d'essai", explique-t-elle. 

Des méthodes alternatives. Pour faire face, certains usagers font le choix des méthodes alternatives et notamment du covoiturage ou de l'auto-partage. A Paris, le service Autolib a vu ses réservations augmenter de 30 à 40% depuis lundi. Une hausse des réservations qui se confirme désormais à chaque grève et qui a poussé le service à renforcer sa plateforme de réservation pour répondre aux nombreuses demandes d'abonnement. Le site de co-voiturage spécialisé dans les trajets domicile-travail Wayzup enregistre lui aussi un effet de la grève. Pour ce mouvement social ses visites ont été multipliées par dix. La SNCF elle-même fait de la publicité dans ses emails annonçant la grève pour son site de co-voiturage, IDvroom.

Entre 23,9 et 50% de gréviste. A la mi-journée, le taux de grévistes était de 23,9% selon la direction, et de 50% selon les syndicats - et jusqu'à 70% des personnels roulants. Lors de la précédente grève unitaire (CGT, Unsa, SUD et CFDT), le 9 mars, seulement un tiers des trains avait circulé. Elle avait été suivie par 35,5% des personnels selon la direction et, de source syndicale, par plus de 60% des conducteurs et contrôleurs. 

Une centaine de cheminots, en majorité de SUD-Rail, rejoints par une vingtaine d'étudiants dans un cortège baptisé "train de la colère", se sont réunis gare d'Austerlitz avant de rejoindre la gare de Lyon, puis la Défense où se tenait la réunion de négociations de branche. Mardi ne sera sans doute pas la dernière journée de mobilisation, selon les syndicats. "Un mouvement plus ferme pourrait être envisagé" en l'absence "d'ouverture de réelles négociations prenant en compte les propositions alternatives des organisations syndicales", a prévenu Thierry Nier, porte-parole de la CGT-cheminots.