Grève : les autres compagnies défendent Air France

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TRIBUNE - Les patrons des autres transporteurs aériens appellent les pilotes à cesser leur grève.

Alors que les pilotes de ligne d’Air France entament leur deuxième semaine de grève, le bras-de-fer vient de prendre une drôle de tournure avec, chose rare, la prise de position des patrons des autres compagnies françaises. Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, ces derniers dénoncent une grève qui "affaiblit le pavillon français et constitue un renoncement à notre avenir".

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Une prise de position rare. Bien que le mouvement de grève ne touche qu’Air France, les présidents de Corsair, XL Airways, Aigle Azur, Air Caraïbes et Chalair aviation sortent de leur silence. Et ces derniers le reconnaissent, "il n'est pas ordinaire pour nous présidents de compagnies aériennes régulières de s'exprimer sur un conflit concernant l'un de nos confrères. (…) Cependant l'urgence de la situation réclame une mise au point ferme et précise".

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Les pilotes accusés de "jusqu'au-boutisme". Les concurrents d’Air France ne le cachent pas : ils soutiennent la direction de la principale compagnie française. Et regrettent la décision des pilotes de poursuivre leur mouvement. "Refuser par peur, conservatisme ou dogmatisme tout nouveau projet affaiblit le pavillon français et constitue un renoncement à notre avenir", écrivent les Pdg, avant d’ajouter : "le jusqu'au-boutisme apporte un discrédit profond et ravageur à la profession de pilote et plus largement à nos métiers et nos entreprises".

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Mais pourquoi défendre leur principal concurrent ? Les signataires de cette tribune justifient leur prise de parole par le fait que "le pavillon français vit depuis douze années consécutives une réduction de ses parts de marché sous l'effet d'une concurrence intra et extra communautaire à laquelle nos entreprises résistent avec courage dans un environnement réglementaire, fiscal, social et administratif défavorable et de plus en plus complexe".

A leurs yeux, le secteur doit donc changer ses habitudes pour survivre et les pilotes sont perçus comme des adversaires du changement. "Les années récentes (…) laissent peu de place à un avenir radieux, si collectivement nos entreprises ne réussissent pas à s'adapter pour être compétitives face à des compagnies européennes qui ont déjà achevé leur transformation", écrivent-ils.

Avant de marteler : "la concurrence évolue à un rythme incroyable, et la nécessaire adaptation est simplement devenue vitale. (…) Nos compagnies aériennes n'ont pas le droit de gaspiller cette chance". Et comme Air France fait figure de référence dans l’aviation française, ils s’estiment concernés par le mouvement de grève qui s’y déroule.

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Les appels à reprendre le travail se multiplient. Outre cette tribune, le gouvernement a appelé les pilotes à reprendre le travail par la voix du secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Jean-marie Le Guen. "Clairement, aujourd'hui, il faut que le travail reprenne", a-t-il martelé lundi sur Europe1. "Il semblerait quand même qu'aujourd'hui il y ait un consensus pour dire qu'il faut aller dans le sens des propositions de la direction qui ont été finalement acceptées par la plupart des acteurs", a-t-il poursuivi.

Auparavant, toujours sur Europe 1, le président de la Fédération générale CFTC Transports tenait lui aussi des propos très durs à l'égard des pilotes, allant jusqu'à parler de "grève préventive". "Bien sûr qu’ils mettent en danger Air France", a-t-il estimé, avant d'ajouter : "j’ai l’impression qu’ils sont en train de pleurer avant d’avoir mal".