Grèce : qui rechigne face au nouveau plan de Tsipras ?

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Le ministre français des Finances Michel Sapin en compagnie de son homologue allemand Wolfgang Schäuble © AFP/JOHN MACDOUGALL
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avec G.S. , modifié à
Les discussions ont été complexes entre les ministres des Finances samedi. Les responsables de la zone euro n’ont pas réussi à s’entendre sur le sort à réserver aux propositions de la Grèce.

La zone euro très divisée tentait dimanche à Bruxelles d'arracher un accord sur un sauvetage financier de la Grèce. Ils souhaitent arrimer le pays dans la monnaie unique, après l'impasse des discussions qui ont forcé l'annulation d'un sommet des 28 pays de l'Union européenne. Seuls les dirigeants de la zone euro (19 pays) vont discuter dimanche. Samedi, neuf heures d'une réunion tendue, dans un climat de défiance envers Athènes, n'ont pas permis aux grands argentiers de trouver un début d'accord, alors que cette échéance de dimanche est présentée comme l'ultime chance de sauver laGrèce.  Europe 1 fait le point sur les alliés et les ennemis d’Alexis Tsipras dans ces négociations.

  • Les "colombes"

La Grèce a réussi à se mettre quelques pays européens dans la poche grâce à son nouveau plan de réformes. Parmi les alliés se trouve principalement la France et l’Italie. Depuis quelques semaines, Paris fait tout pour un accord. Selon un proche du président français, cité dans Libération, François Hollande a enchaîné les coups de téléphone entre Merkel et Tsipras. "L’idée n’était pas de tenir la plume [au Premier ministre grec] ou de lu inspirer telle réforme plutôt que telle autre [pour ses nouvelles propositions], mais de le prévenir de ce qui est politiquement acceptable ou non par les autres pays européens", peut-on lire dans le quotidien.

Matteo Renzi, lui, s’est fait le héraut de la Grèce dimanche dans un entretien au journal Il Messaggero. "Le bon sens doit prévaloir et un accord doit être trouvé", a-t-il dit lors d’une interview. "L'Italie ne veut pas que la Grèce sorte de la zone euro et je dis à l'Allemagne: ça suffit!", dit Matteo Renzi.

Par ailleurs, le ministre luxembourgeois des Finances avait également fait part samedi de sa bonne disposition face aux propositions d’Athènes : "Je viens le cœur plus léger qu'il y a trois jours", avait-il dit en amont de la réunion, ajoutant qu"il faut "voir si le gouvernement [grec] veut mettre en oeuvre" ce qu'il propose.

  • Les "faucons"

Alors qu’Athènes demande de nouvelles liquidités en échange d’un plan de relance sur trois ans et d’une renégociation de la dette, les créanciers les plus exigeants refusent de s'engager sur une période aussi longue et de renégocier la dette. Du côté des "anti", deux faucons viennent contrer les tentatives des colombes française et italienne. L’Allemagne et la Finlande mènent la ligne dure contre les mesures mises sur la table par Athènes. Berlin et Helsinki semblent près de dire ouvertement qu'ils ne veulent plus de la Grèce dans la zone euro.

En Finlande, les eurosceptiques font pression. "A ce stade, les conditions ne sont pas suffisamment réunies" pour garantir la mise en oeuvre des coupes budgétaires et réformes, a jugé le finlandais Alexander Stubb, dont le pays est un des plus durs vis-à-vis d'Athènes. Le Parlement finlandais l’a d'ailleurs sommé de négocier une sortie de la Grèce de la zone euro, selon la télévision publique YLE. Selon des sources proches de ces négociations citées par Yle, le parti eurosceptique des Vrais Finlandais a alors exigé que la Finlande s'oppose à un nouveau plan d'aide de la zone euro à la Grèce, et qu'Helsinki soutienne l'idée d'un "Grexit". Ce parti, arrivé deuxième aux élections législatives en avril, aurait menacé de faire éclater la toute jeune coalition gouvernementale finlandaise, d'après Yle.

L'Allemagne demande un "Grexit temporaire". L’Allemagne envisage notamment un Grexit pour cinq ans. Selon un document qui a fuité samedi, "si la Grèce ne peut garantir une mise en oeuvre crédible de mesures et une dette soutenable, il faudrait lui offrir de rapides négociations pour une période hors de la zone euro, avec une possible restructuration de sa dette, si nécessaire (...) pendant cinq ans". Avant même l’ouverture des discussions, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble n’avait pas hésité à les prédire "extrêmement difficiles". Comme pour la Finlande, la pression vient de l'intérieure en Allemagne : les deux tiers de l'opinion allemande sont opposés à une nouvelle aide pour la Grèce. 

Les Slovaques et les Autrichiens sont également réticents. "Les propositions auraient été bonnes dans le cadre du deuxième programme d'aide, mais j'ai peur qu'il soit insuffisant pour lancer un troisième programme", a même déclaré le ministre slovaque Peter Kazimir, qui a même estimé qu’il "n’est pas possible de parvenir à un accord [dimanche] seulement d’émettre des recommandations pour les chefs d’Etat". "Sur de nombreux points, nous n'étions pas d'accord entre ministres et avec la Grèce", a indiqué l'Autrichien, Hans-Jörg Schelling, concernant les discussions de samedi.